Films 2020

Alors voi­là, je sais pas vous, mais pour moi, en 2020, il y a eu des moments où c’é­tait com­pli­qué d’al­ler au ciné.

Parce que not’­bon pré­sident a trou­vé que c’é­tait plus dan­ge­reux de pas­ser deux heures à six dans une salle de 200 places assis en qua­si-silence que de pas­ser deux heures à trente dans une église à se lever, s’as­seoir, bou­ger les mains et chan­ter. Ou bien, il a jugé que non­obs­tant le risque, la reli­gion1 était plus impor­tante que le ciné­ma2.

Enfin bref, le gou­ver­ne­ment a fer­mé les ciné­mas du 15 mars au 22 juin, puis à par­tir du 30 octobre. Cinq putains de mois sans pou­voir se faire une toile.

Séance de cinéma à domicile
Vous direz ce que vous vou­drez, le ciné­ma à domi­cile, c’est pas pareil.

Je sais que cer­tains disent que sur le plan cultu­rel, on ne manque pas de solu­tions pour voir des films sans aller au cinéma.

Certes. Mais le ciné­ma n’est pas qu’une acti­vi­té cultu­relle, sans quoi effec­ti­ve­ment je ne sor­ti­rais plus de mon salon depuis 2011.

Si je vais au ciné­ma, c’est beau­coup pour les films, mais aus­si pour le cadre, le céré­mo­nial, et sur­tout pour les réac­tions des gens, pour m’a­mu­ser de voir le gamin de der­rière écla­ter de rire à des trucs débiles, sou­rire en écou­tant un père chu­cho­ter un concept psy­cha­na­ly­tique, deman­der à l’ou­vreuse si c’est une bonne idée d’al­ler voir ça ou com­pa­tir quand la fille de devant lâche « c’est vache­ment triste » en sortant.

J’aime bien avoir une salle rien que pour moi, mais cette espèce de par­tage avec d’autres êtres humains est la rai­son fon­da­men­tale pour laquelle je vais au ciné plu­tôt que chez moi. Réduire le ciné­ma à une acti­vi­té cultu­relle, comme le font cer­tains cré­tins jus­qu’au gou­ver­ne­ment, c’est n’a­voir rien com­pris au film.

Malgré tout, pen­dant les sept petits mois où les salles étaient ouvertes, j’ai essayé de construire une année de ciné­ma. Et qui dit année de ciné­ma dit bilan et pal­ma­rès.

Récompenses

Meilleur film : Les nou­veaux mutants de Josh Boone

Les cinq nouveaux mutants
Un bon cas­ting, un scé­na­rio rela­ti­ve­ment ori­gi­nal, une réa­li­sa­tion soi­gnée… Le meilleur film de l’an­née n’est pas ahu­ris­sant, mais c’est un excellent petit moment de thril­ler fan­tas­tique jouant avec les codes de l’horrifique.

Meilleure réa­li­sa­tion : Sam Mendes pour 1917

Meilleur scé­na­rio : Casey Affleck pour Light of my life

Meilleure pho­to­gra­phie : Janusz Kamiński pour L’appel de la forêt

Paysage du Klondike
S’il y a une chose réus­sie dans ce film, c’est la pho­to. — pho­to 20th Century Studios

Meilleur film d’a­ni­ma­tion et « putain que c’est beau » de l’an­née : Les enfants du temps de Makoto Shinkai

Meilleur mon­tage : Jay Cassidy et Evan Schiff pour Birds of prey et la fan­ta­bu­leuse his­toire de Harley Quinn

Meilleure fable éco­lo­giste et huma­niste : La forêt de mon père de Vero Cratzborn

Meilleure comé­die féroce : Adieu les cons d’Albert Dupontel

Meilleur faux docu­men­taire qui suit une série de vrais docu­men­taires : J’irai mou­rir dans les Carpates d’Antoine de Maximy

Meilleure suite d’un gros navet : Birds of prey et la fan­ta­bu­leuse his­toire de Harley Quinn de Cathy Yan

Margot Robbie en prison
Dieu mer­ci, son film à elle a pul­vé­ri­sé les sou­ve­nirs de celui où elle est appa­rue. — pho­to Warner Bros

Baffe dans ta gueule de l’an­née : The hunt de Craig Zobel

Madeleine pas mau­vaise mais qui manque de can­nelle : Yakari, le film de Xavier Giacometti et Toby Genkel

Film où Steve Carrell porte un bal­lot, et on a mal pour lui tel­le­ment il joue super bien le cita­din qui n’a jamais vu de paille de sa vie : Irresistible de Jon Stewart

Film où les acteurs savent uti­li­ser leur matos d’es­ca­lade, et mine de rien, ça détend : La forêt de mon père de Vero Cratzborn

Acteurs

Meilleur acteur dans un rôle prin­ci­pal : Alban Lenoir dans La forêt de mon père

Meilleur acteur dans un rôle secon­daire : Harrison Ford dans L’appel de la forêt

Saoirse Ronan dans Les filles du Dr March
Ah ça y est, tu t’es enfin sou­ve­nu que ça fait dix ans que tu m’ap­plau­dis qua­si­ment à chaque film ? — pho­to Sony Pictures

Meilleure actrice dans un rôle prin­ci­pal : Saoirse Ronan dans Les filles du Dr March

Meilleure actrice dans un rôle secon­daire : Alice Braga dans Les nou­veaux mutants

Catastrophes

Meilleur bio­pic, mais c’est vrai­ment parce que c’est le seul de l’an­née : L’ombre de Staline d’Agnieszka Holland

Pire film : Tenet de Christopher Nolan

Pire scé­na­rio : Christopher Nolan pour Tenet

Pire trou de balle : lit­té­ra­le­ment, celui de la balle qui n’a pas encore été tirée dans Tenet ; figu­ra­ti­ve­ment, son scénariste/producteur/réalisateur/onaniste en chef

John David Washington et son trou de balle
Le per­son­nage prin­ci­pal regar­dant le scé­na­riste. — pho­to Melinda Sue Gordon pour Warner Bros

Film encore plus mal fou­tu que ma cri­tique : Tenet de Christopher Nolan

Voix-off à l’ou­ver­ture qui en t’ex­pli­quant le concept du film le fout quand même un peu à plat : Antoine de Maximy dans la pre­mière minute de J’irai mou­rir dans les Carpates

Pire adap­ta­tion gen­tillette d’une his­toire féroce : Michael Green pour L’appel de la forêt

Attentat his­to­rique de l’an­née : l’af­faire Metro-Vickers en consé­quence du tra­vail de Gareth Jones, Dans l’ombre de Staline d’Agnieszka Holland

Michael Bay pour­ri de l’an­née : Greenland de Ric Roman Waugh

Film où on attend 1 h 15 que le vieux crève puis­qu’ap­pa­rem­ment c’est ça qui doit lan­cer le film, mais en fait c’est l’a­vant-der­nière scène : La danse du ser­pent de Sofía Quirós Úbeda

Scénario où on passe deux heures à s’ex­cla­mer « Putain mais vous êtes vrai­ment connes ou quoi ? » : Christian White et Natalie Erika James pour Relic

Acteurs

Pire tanche dans un rôle prin­ci­pal : Gerard Butler dans Greenland

Note : La domi­na­tion de Gerard Butler dans cette caté­go­rie est telle que le jury a renon­cé à récom­pen­ser d’autres candidats.

Gerard Butler dans Greenland
Être tel­le­ment mau­vais que per­sonne n’ar­rive à citer un « acteur » com­pa­rable cette année : ✔. — pho­to Metropolitan FilmExport

Statistiques

32 séances (dont une vieille­rie de pas­sage) pour un total de 135,3 €, soit une moyenne de 4,51 € par séance. Quand, le 24 février, j’ai conver­ti mon stock de points fidé­li­té au CGR d’Angoulême en carte de 15 entrées, je ne pen­sais pas d’une part qu’il me res­te­rait cinq entrées dix mois plus tard, d’autre part que ces quelques entrées gra­tuites tire­raient autant la moyenne vers le bas…

Comme l’an pas­sé, pas de chef-d’œuvre immor­tel, mais une paire de très bons ****, un lot de films fré­quen­tables… et une effroyable décep­tion : le film le plus cher de l’an­née (il pas­sait en salle haut de gamme à 11 €) est de loin le pire.

  1. Qui coûte un pognon de dingue en entre­tien des bâti­ments et qui rap­porte tchi à l’État.
  2. Qui fait vivre des mil­liers de per­sonnes et paie des mil­lions de coti­sa­tions, d’im­pôts fon­ciers, etc.