The defenders
|de Douglas Petrie et Marco Ramirez, depuis 2017, ***
Une alcoolique, un aveugle, un taulard et un crétin : tels sont les quatre super-héros qui, chacun de son côté, s’attaquent à la Main. Autant dire que celle-ci tremble, surtout qu’elle vient de fabriquer une nouvelle arme vachement puissante à partir d’un cadavre de super-héroïne. Heureusement, la loi des deux degrés de séparation fait que les héros finissent par être présentés, ce qui pourrait équilibrer un peu les choses à condition que ces solitaires chroniques bossent ensemble.
On réunit donc une série qui marchait très bien, une série qui tournait sans problème malgré un coup de mou en milieu de saisons, une série qui finissait trop lentement et était sauvée par un antagoniste réussi, et une série qui concluait mollement avec un premier rôle perdu en route. La bonne nouvelle, c’est que Netflix s’est avisé, ENFIN !, que quand on a script pour huit épisodes, il ne sert à rien d’en faire treize : The defenders passe donc de la mise en place à la baston sans s’attarder dans un développement languissant.
L’autre bonne nouvelle, c’est que les scénaristes ont fait attention à bien employer les seconds rôles : certaines apparitions tiennent du « fan-service » de base (Trish, Karen, content de vous avoir revues, mais vous auriez pas été là, c’était pareil) mais beaucoup de personnages dépassent le stade de simple faire-valoir pour prendre une vraie importance dans l’intrigue. Ajoutons des antagonistes très réussis menés par une Sigourney Weaver glaçante, et on arrive facilement à oublier que le nœud du scénario est ce cher Danny, sans doute encore plus naïf, têtu, fonceur, bref, puéril que dans sa série à lui — un opposant lui fait d’ailleurs remarquer qu’il est sans doute l’Iron fist le plus stupide de l’histoire et, sans connaître les précédents, je le soupçonne d’avoir raison.
La mauvaise nouvelle, c’est que finalement, les scènes de baston finales sont pauvres. Reprenons : Jess et Luke ont appris la vie sur le tas dans East Village et Harlem. Leur style, c’est le combat de rue, façon loubarde teigneuse ou cogneur de force. Dédé a reçu une formation au combat façon ninja, utilisant à fond sa perception aiguë de ses adversaires. Danny a grandi dans un monastère style Shaolin et reçu un poing magique. Idem pour les opposants et les seconds rôles, formés qui sur le tas, qui par la police de New York, qui par des profs d’arts martiaux variés. On s’attend donc à voir leurs styles mis en évidence, à avoir des combats de dynamiques et de rythmes différents selon les personnages engagés. Mais on doit se contenter d’une baston finale ordinaire entre gens qui se cognent sans vraiment recourir à leurs spécialités et en suivant leurs adversaires.
Ça reste plutôt bien fait et entraînant, et la série tourne bien mieux que les dernières productions de la maison. L’œuvre est équilibrée et sait se reposer sur une base de personnages solides pour compenser ceux qui laissent à désirer. Ne vous attendez pas au niveau de Jessica Jones, qui reste clairement le point haut de cet univers, mais on évite les langueurs de Luke Cage et d’Iron fist pour obtenir un résultat pas aussi brillant qu’on pouvait l’espérer, mais tout à fait fréquentable.