The punisher
|de Steve Lightfoot, depuis 2017, ***
Une des grandes qualités de The defenders, c’est que Netflix avait enfin pigé qu’étaler sur treize épisodes la matière qui en occuperait raisonnablement six ou huit n’était pas une bonne idée.
Devinez combien d’épisodes compte The punisher ?
Treize.
Je suis pas spécialement superstitieux, mais je maintiens que c’est pas une bonne idée.
Dernière-née de la collaboration Marvel-Netflix, cette série souffre donc du syndrome de beaucoup trop de ses aînées : après une introduction sympa, elle tourne en rond et délaie la sauce jusqu’à en faire un liquide pâle qui n’est que le fantôme de son jus d’origine. Puis, comme beaucoup de ses aînées, elle se retend vers un finale plus nerveux et efficace, mais il faut pour en profiter avoir gardé les yeux ouverts pendant les cinq-six épisodes du milieu, ceux où les scénaristes ont multiplié les flash-back familiaux guimauvineux, où les dialoguistes ont écrit des dialogues creux pour faire passer le temps, où les directeurs ont dit aux acteurs de laisser de bonnes pauses entre les répliques, où le monteur a gardé la main sur chaque plan une seconde de plus que ce qu’il aurait naturellement fait.
Évidemment, The punisher garde des qualités, à commencer par un premier rôle fort sympathique (ou pas) qui a naturellement imposé un traitement un peu plus brut qu’à l’accoutumée : ici, les gens meurent, les côtes se brisent et le sang gicle. On peut trouver un peu étonnante la capacité de Castle à cicatriser entre deux plans (il rentre à sa planque dans un état tout déglingué, mais ça ne l’empêche pas de repartir la fleur au fusil dès potron-minet), mais c’est la première série vraiment saignante de cet univers, la première où les coups, quand ils vous arrivent, ça fait mal.
Soit dit en passant, elle devient ainsi un remarquable symptôme de la société américaine : on cogne, blesse, tire, tue, torture, et ça passe en gros plan, mais le cadreur fait très attention à ce que sa caméra ne capture pas ne serait-ce que l’ombre d’un téton de trois quarts dos, parce que ça, ça serait vraiment choquant.
Oui, parce que si Castle n’est plus vraiment du genre à folâtrer dans les draps, il est entouré d’une galerie de personnages plus ou moins louches et retors, auxquels il arrive de se croiser horizontalement. Il ne s’agit cependant pas vraiment de bluettes, vu qu’on y retrouvera assez aisément l’adage de House of cards : le sexe, c’est une question de pouvoir — ça sert à reconnaître les baiseurs et les baisés.
Au delà de cette question, le soin apporté aux seconds rôles est réel et, soyons honnête, les prises de conscience des uns, les trahisons des autres, et le voile progressivement levé sur les crimes de guerre qui ont tout déclenché sont les seuls points à garder du milieu de la série.
Trash, violent, parfois cruel, occasionnellement teinté d’humour noir, bien servi en personnages soigneusement construits, The punisher a plein de qualités. Le problème, c’est que du coup, l’énorme passage à vide du milieu est d’autant plus visible.