Bullet train

de David Leitch, 2022, ****

Le Tōkaidō Shinkasen est connu dans le monde entier. Reliant Tōkyō, Nagoya, Kyōto et Ōsaka, ce fut la pre­mière ligne de train à haute vitesse au monde. Son ser­vice express Nozomi reste le plus rapide du réseau japo­nais, avec des pointes à 300 km/h et seule­ment quatre étapes pour faire 550 kilo­mètres en moins de deux heures et demie. C’est aus­si l’un des trains les plus fiables de la pla­nète, JR Central se flat­tant de res­pec­ter ses horaires avec un délai moyen annuel de 24 secondes1.

Tout ça pour dire que, si vous êtes à bord avec une mis­sion à exé­cu­ter, vous n’a­vez pas inté­rêt à traîner.

Brad Pitt et la mallette dans Bullet Train
Bon, j’ai les yeux qui saignent, mais j’ai récu­pé­ré cette mal­lette… — pho­to Sony Pictures

Et c’est jus­te­ment le cas de Coccinelle, un ancien tueur à gages en pleine crise exis­ten­tielle qui, rêvant de recon­ver­sion vers une branche moins vio­lente, doit voler une simple mal­lette à un voya­geur. Il ignore que ce voya­geur est le fils du super-boss des yaku­zas, et que Citron et Mandarine, les deux Anglais qui l’ac­com­pagnent, sont des tueurs hau­te­ment entraînés…

Soyons hon­nêtes : Bullet train n’est pas un grand film. C’est une comé­die fou­traque, sur laquelle planent les ombres de Quentin Tarantino (et de sa capa­ci­té à pous­ser un concept jus­qu’au bout du bout sans égard pour la morale) et de John McTiernan (et de son goût pour les héros fati­gués et bla­sés entraî­nés dans l’ac­tion mal­gré eux). C’est plein d’hu­mour pas tou­jours léger, de vio­lence qui tire par­fois sur le gore gra­tuit, de rebon­dis­se­ments dif­fi­ciles à suivre et de per­son­nages tota­le­ment déli­rants. L’objectif n’est pas de racon­ter une belle his­toire au spec­ta­teur, mais de l’en­traî­ner dans un tour­billon de bas­tons, de sketches, de gags, de petites his­toires et de réfé­rences mul­tiples — wes­tern, film de kung-fu, polar, thril­ler, comé­die roman­tique, tout y passe.

Joey King dans Bullet Train
Il paraît que je suis l’élé­ment sub­til du film. Ça indique le niveau des autres… — pho­to Scott Garfield pour Sony Pictures

Ce n’est pas un grand film, mais c’est une excel­lente dis­trac­tion, avec juste ce qu’il faut de cabo­ti­nage et un rythme irré­pro­chable d’un bout à l’autre. Votre cer­veau n’en sor­ti­ra pas gran­di, mais si vous aimez les plai­sirs un peu hon­teux et idiots, vous ris­quez d’adorer.

  1. Oui, chère SNCF, c’est pos­sible. Et c’est bien des secondes, pas des minutes. Ni des heures.