Buffy, tueuse de vampires
|de Franz Rubel Kuzui, 1992, **
La vie de Merrick n’est pas simple. Depuis des années, il cherche la Tueuse, une jeune fille destinée à protéger le monde des vampires, mais il ne trouve nulle part la marque de naissance qui doit lui permettre de l’identifier. Il finit par croiser Buffy, une courge superficielle, pardon, je voulais dire, une pom-pom girl à la mode, qui s’est fait retirer une « grosse verrue dégueu », qui manifeste de grandes facilités pour planter des piquets de bois dans des gens à crocs, mais qui n’a rien des compétences, du dévouement et de l’altruisme attendus d’une bonne Tueuse. Il va donc devoir former cette élève de terminale rétive à tout travail personnel, alors que l’activité des vampires augmente sous la houlette de Lothos — qui a déjà tué un certains nombre de Tueuses bien mieux formées et bien plus appliquées.
Il y a des films qui restent uniques. C’est le cas de celui-ci : c’est le seul film réalisé par Fran Rubel Kuzui, femme du producteur Kaz Kuzui. C’est quasiment le seul film à avoir pris Kristy Swanson comme tête d’affiche1. C’est le seul film de Paris Vaughan, et le premier de Joss Whedon.
C’est surtout un des rares films à avoir été totalement, définitivement et, surtout, justement éclipsé par sa série dérivée.
C’est pas que ce soit un navet complet, hein. C’est entraînant, certains dialogues sont plutôt bons, et du coup ça se regarde avec plaisir. Mais il faut bien admettre que la direction d’acteurs est à la rue (d’ailleurs, les seuls dont la carrière a survécu sont ceux qui étaient déjà connus avant), les effets spéciaux sont inexistants, et les rebondissements sont trop brutaux et peu justifiés. En fait, ça voudrait être un film initiatique et émancipateur, mais l’initiation se résume à « — Au fait, t’es la Tueuse. — Ah okay, bon ben voilà, je sais tuer des vampires. » et l’émancipation à exploser un mec à la main baladeuse (ce qui reste une des meilleures scènes du film).
D’après Wikipedia, le tournage a été fait à l’arrache, Luke Perry étant très pris sur Beverly Hills, et la Twentieth Century Fox aurait un peu massacré le script parce que l’humour de Whedon était trop geekesque et que son scénario voulait pas choisir assez clairement entre comédie et fantastique noir. Spoiler : cet humour à la con et ce mélange tragi-comique expliquent très largement le succès de la série dérivée et ont indubitablement inspiré la tonalité d’autres œuvres2.
En tout cas, il est clair que cette série B brève et un peu bancale, pour distrayante qu’elle soit, est très loin de la qualité des œuvres suivantes de Whedon. Ça se regarde agréablement, mais à part sur le plan historique, ça ne présente pas un intérêt extraordinaire.
- Par respect pour le cinéma, je propose qu’on évite de qualifier Le fantôme du Bengale ou Beethoven et le trésor des pirates de « films ».
- Et les historiens diront que ce mélange avait déjà très bien marché dans Piège de cristal.