Tomb Raider

de Roar Uthaug, 2018, ***

L’héritage, c’est nul. Alors, plu­tôt que de deve­nir richis­sime entre­pre­neuse, Lara pré­fère se plan­quer à Londres pour y mener la vie de rêve de cour­sière à vélo. C’est là qu’un bout d’hé­ri­tage finit par la retrou­ver et lui révé­ler les secrets de son père, dis­pa­ru sur une île japo­naise. Comme n’im­porte quel Tintin, elle trouve donc un capi­taine alcoo­lique et fonce sur place pour affron­ter une vilaine socié­té secrète.

On va pas se men­tir : le scé­na­rio ne vole pas super haut. Reprenant fidè­le­ment l’es­prit du jeu, c’est un mélange de puzzles et d’ac­tion qui demande plus d’a­gi­li­té que d’in­tel­li­gence. On pour­rait en fait y voir l’as­sem­blage d’un début à la Largo Winch mâti­né de Da Vinci code et d’un déve­lop­pe­ment à la Indiana Jones.

Mais la pro­fon­deur du scé­na­rio n’a jamais été l’ob­jec­tif des Tomb rai­der. Les jeux avaient pour but d’en­traî­ner les joueurs en leur pré­sen­tant une suite d’a­ven­tures, les films pour­sui­vaient le même objec­tif. C’est donc plu­tôt sur sa par­tie artis­tique, gra­phique et ciné­ma­tique qu’on doit juger un Tomb rai­der.

Évidemment, rien de cette scène ne tient la route. Mais elle est sacré­ment pre­nante. — pho­to Warner Bros

Et dans ce domaine, faut être hon­nête : tout le monde a fait du très bon bou­lot. Le nau­frage est ridi­cule, l’a­vion aus­si, les pièges du tom­beau de même ? On s’en fout. C’est beau, c’est ryth­mé, c’est pre­nant et hale­tant de bout en bout. On retrouve l’es­prit du jeu, léger et sans pré­ten­tion mais tra­vaillé jusque dans les petits détails et pro­po­sant des suites d’am­biances fran­che­ment réussies.

Accessoirement, faut être clair sur un truc : Alicia Vikander écrase sans pitié le fan­tôme d’Angelina Jolie, et sup­porte la com­pa­rai­son avec les seconds rôles menés par Dominic West, Walton Goggins ou encore Kristin Scott-Thomas. L’aisance du cas­ting aide à faire pas­ser des dia­logues évi­dem­ment pré­vi­sibles et par­fois un peu niais, ain­si qu’à don­ner un peu de consis­tance à des per­son­nages qui res­tent, avant tout, des ali­bis pour dérou­ler l’action.

Le fan ser­vice est par­fai­te­ment assu­ré : arc, débar­deur et esca­lade sont bien là. — pho­to Warner Bros

L’ensemble n’a donc rien d’ad­mi­rable, mais c’est de très loin le meilleur film sur le sujet — et une des toutes meilleures adap­ta­tions de jeux vidéo. On passe un bon moment devant un spec­tacle par­fai­te­ment réglé pour dis­traire sans faillir.