Mission 633

de Walter Grauman, 1964, **

Vous vous sou­ve­nez de Mosquito squa­dron ? Et bien il y avait eu un anté­cé­dent : Mission 633. Pas seule­ment au sens « c’est simi­laire et sur­ve­nu avant », mais aus­si au sens « il a four­nit de la matière au suc­ces­seur » : des prises de vues du pre­mier, qui avait été réa­li­sé avec quelques moyens (c’é­tait le pre­mier film d’a­via­tion en cou­leurs), ont ser­vi à faire des plans coupes dans le second, mon­té à la va-vite avec trois livres six pence.

Mossie n’a pas fait beau­coup de films, mais il tient bien son rôle. — pho­to Mirisch Films

Ça se passe à la fin de la guerre : les Alliés ont repé­ré, au fond d’un fjord, l’u­sine nor­vé­gienne où les Allemands pré­parent le car­bu­rant de leur pro­chain mis­sile. L’escadron de bom­bar­de­ment 633 (oui, la tra­duc­tion fran­çaise du titre est bizarre) doit donc rapi­de­ment se for­mer au lar­gage de bombes sis­miques dans un fjord écos­sais afin d’al­ler pro­vo­quer l’ef­fon­dre­ment d’un bout de mon­tagne sur l’usine.

C’est cool cette petite pro­me­nade dans la val­lée, limite je met­trais le coude à la por­tière. — pho­to Mirisch Films

Sur le plan tech­nique, rien à signa­ler : le scé­na­rio est rai­son­na­ble­ment tiré par les che­veux mais pas tota­le­ment absurde, les prises de vues aériennes sont dans les bons stan­dards de l’é­poque et « Mossie » a une pré­sence que bien des acteurs peuvent lui envier. On note évi­dem­ment quelques ana­chro­nismes et une poi­gnée d’er­reurs mani­festes, la prin­ci­pale étant la ridi­cule attaque de la base d’en­traî­ne­ment par des Messerschmitt Bf 108 — évi­dem­ment, ils n’ont jamais été armés, mais de toute façon aucun chas­seur léger alle­mand n’a­vait l’au­to­no­mie pour atteindre l’Écosse. Cependant, ces pro­blèmes res­tent rela­ti­ve­ment secondaires.

Tiens, si je filais en douce avant que cette cri­tique parle de moi ? — pho­to Mirisch Films

Sur le plan scé­na­ris­tique, c’est quitte ou double. Ça passe : la pré­pa­ra­tion de mis­sion, l’en­traî­ne­ment avec son lot d’ac­ci­dents, la col­la­bo­ra­tion entre pilotes de tout le Commonwealth, les échanges avec la résis­tance nor­vé­gienne, le finale plu­tôt radi­cal. Ça casse : les acteurs qui n’ont jamais vu un avion, les navi­ga­teurs qui ne servent à rien (à part à mou­rir ou à sau­ver le pilote), la der­nière réplique gran­di­lo­quente, et sur­tout l’a­mou­rette entre la sœur du chef de la résis­tance nor­vé­gienne et le wing com­man­der anglais, qui com­mence assez ridi­cu­le­ment et se déve­loppe encore plus niaisement.

Le résul­tat est « pas si pire », mais ne mérite pas d’é­loge. Si ça fait plai­sir de voir la mer­veille en bois sous tous les angles dans un film à sa gloire, les aspects humains sont trop télé­pho­nés pour empor­ter l’adhésion.