Cars 3
|de Brian Fee, 2017, ***
En sports, il y parfois des phénomènes de générations : un lot de jeunes débarquant à peu près en même temps poussent à la retraite tout un troupeau de vieux d’un coup. C’est ce que découvre McQueen, brutalement seul vétéran entouré de bolides qui le passent tranquillement dans les virages et lui mettent des valises dans les lignes droites. L’ombre de la retraite plane, mais son ego le pousse à rester et à tenter encore et toujours de repousser les assauts des nouveaux venus, quitte à adopter leurs méthodes d’entraînement — fitness matin, midi et soir avec une entraîneuse jeune et agaçante, travail au simulateur, préparation mentale…
Voici donc le deuxième opus de Cars. (Ah oui, juste pour être clair : cette série est pour l’heure composée de deux films, Cars et Cars 3. Le pourquoi de cette numérotation bricienne est un mystère. Non je suis pas de mauvaise foi.) Suite logique du premier, il voit la star confrontée à l’âge, aux doutes, amenée à se remettre en question et à se demander s’il y a une vie après la course. Côté seconds rôles, après la découverte des péquenots qui, finalement, sont aussi respectables que les hommes modernes, voici la découverte des jeunes branchés, souvent de bonne volonté mais un peu déconnectés du monde réel — ils ne savent même pas rouler sur le sable. Les rôles sont donc un peu inversés, McQueen vivant de l’autre côté du mur l’apprentissage de la vraie vie qu’il avait subi il y a onze ans.
C’est soigné, c’est bien écrit, c’est splendidement réalisé dans la droite lignée des productions Pixar, bref, c’est réussi.
Parfait ? Non. Et même assez frustrant parfois.
Le scénario a une énorme faiblesse : il souffre du syndrome Planes, vous savez, « même si t’es pas fait pour ça, crois en toi et tu pourras le faire ». C’est l’entraîneuse qui nous en fait la démonstration, de manière assez ridicule. Et comme pour Dusty, c’est d’autant plus énervant qu’il était facile de l’utiliser pour mettre en avant un truc du genre « si tes rêves ne marchent pas, trouve ta voie » : c’est une voiture de route très performante et puisque c’est sa passion, elle pourrait très bien courir… mais en GT, pas en Nascar !
On regrette également l’absence de certains personnages : Sally, visiblement toujours proche de McQueen au début du film, est ensuite totalement oubliée par les scénaristes. Dommage car, même sans chercher à introduire la jalousie dans les thématiques abordées, elle était idéalement placée pour apporter un contre-point important — elle était la voix de la raison, celle qui met le héros face à ses décisions ou qui lui met le petit coup de pied au cul dont il a besoin.
Deux-trois autres broutilles peuvent être remarquées, le scénario fleurant bon la nostalgie de l’ancien temps chez un scénariste quinquagénaire. Mais ne soyons pas mesquins : il s’agit d’aspects secondaires et, ceci mis à part, nous voilà face à un film parfaitement fréquentable, amusant, ponctué de quelques scènes très réussies, qui forme donc une suite tout à fait honorable au premier opus.