Cars 3

de Brian Fee, 2017, ***

En sports, il y par­fois des phé­no­mènes de géné­ra­tions : un lot de jeunes débar­quant à peu près en même temps poussent à la retraite tout un trou­peau de vieux d’un coup. C’est ce que découvre McQueen, bru­ta­le­ment seul vété­ran entou­ré de bolides qui le passent tran­quille­ment dans les virages et lui mettent des valises dans les lignes droites. L’ombre de la retraite plane, mais son ego le pousse à res­ter et à ten­ter encore et tou­jours de repous­ser les assauts des nou­veaux venus, quitte à adop­ter leurs méthodes d’en­traî­ne­ment — fit­ness matin, midi et soir avec une entraî­neuse jeune et aga­çante, tra­vail au simu­la­teur, pré­pa­ra­tion mentale…

Une Nascar de 4è géné­ra­tion qui se retrouve entou­rée de machines style Super GT modernes, c’est sûr, ça lui file un coup de vieux… — image Disney / Pixar

Voici donc le deuxième opus de Cars. (Ah oui, juste pour être clair : cette série est pour l’heure com­po­sée de deux films, Cars et Cars 3. Le pour­quoi de cette numé­ro­ta­tion bri­cienne est un mys­tère. Non je suis pas de mau­vaise foi.) Suite logique du pre­mier, il voit la star confron­tée à l’âge, aux doutes, ame­née à se remettre en ques­tion et à se deman­der s’il y a une vie après la course. Côté seconds rôles, après la décou­verte des péque­nots qui, fina­le­ment, sont aus­si res­pec­tables que les hommes modernes, voi­ci la décou­verte des jeunes bran­chés, sou­vent de bonne volon­té mais un peu décon­nec­tés du monde réel — ils ne savent même pas rou­ler sur le sable. Les rôles sont donc un peu inver­sés, McQueen vivant de l’autre côté du mur l’ap­pren­tis­sage de la vraie vie qu’il avait subi il y a onze ans.

Après Doc et le King dans le pre­mier Cars… — image Disney/Pixar

C’est soi­gné, c’est bien écrit, c’est splen­di­de­ment réa­li­sé dans la droite lignée des pro­duc­tions Pixar, bref, c’est réussi.

Parfait ? Non. Et même assez frus­trant parfois.

Le scé­na­rio a une énorme fai­blesse : il souffre du syn­drome Planes, vous savez, « même si t’es pas fait pour ça, crois en toi et tu pour­ras le faire ». C’est l’en­traî­neuse qui nous en fait la démons­tra­tion, de manière assez ridi­cule. Et comme pour Dusty, c’est d’au­tant plus éner­vant qu’il était facile de l’u­ti­li­ser pour mettre en avant un truc du genre « si tes rêves ne marchent pas, trouve ta voie » : c’est une voi­ture de route très per­for­mante et puisque c’est sa pas­sion, elle pour­rait très bien cou­rir… mais en GT, pas en Nascar !

Sérieux, c’est tout ce que j’ai comme texte ? — image Disney / Pixar

On regrette éga­le­ment l’ab­sence de cer­tains per­son­nages : Sally, visi­ble­ment tou­jours proche de McQueen au début du film, est ensuite tota­le­ment oubliée par les scé­na­ristes. Dommage car, même sans cher­cher à intro­duire la jalou­sie dans les thé­ma­tiques abor­dées, elle était idéa­le­ment pla­cée pour appor­ter un contre-point impor­tant — elle était la voix de la rai­son, celle qui met le héros face à ses déci­sions ou qui lui met le petit coup de pied au cul dont il a besoin.

Deux-trois autres brou­tilles peuvent être remar­quées, le scé­na­rio fleu­rant bon la nos­tal­gie de l’an­cien temps chez un scé­na­riste quin­qua­gé­naire. Mais ne soyons pas mes­quins : il s’a­git d’as­pects secon­daires et, ceci mis à part, nous voi­là face à un film par­fai­te­ment fré­quen­table, amu­sant, ponc­tué de quelques scènes très réus­sies, qui forme donc une suite tout à fait hono­rable au pre­mier opus.