Deadpool

d’un blai­reau sur­payé¹, 2016, ****

Dans l’u­ni­vers des X‑Men, il n’y a pas que des mutants spon­ta­nés ; il y a aus­si quelques humains pos­sé­dant le muta­gène mais ne l’ex­pri­mant pas, dont on ne peut pro­vo­quer la muta­tion qu’en les ame­nant au bord de la mort. Wade, ancien des forces spé­ciales, redres­seur de torts à la petite semaine et blai­reau paten­té, subit ce trai­te­ment et devient Deadpool : son visage res­semble à une carte topo­gra­phique de l’Utah, mais il est qua­si­ment indes­truc­tible, régé­nère ses membres cou­pés et gué­rit de toutes les bles­sures — en revanche, il a tou­jours son humour de merde.

Deadpool est donc une sorte de paro­die de X‑Men dans l’u­ni­vers même des X‑Men : un super anti-héros, pué­ril, instable, carac­té­riel et pué­ril. Le film joue donc en per­ma­nence sur les codes des films de super-héros, en mul­ti­pliant les piques non seule­ment à son propre uni­vers (devant l’é­cole du Pr Xavier : « allons, vous avez une mai­son gigan­tesque mais on voit que vous deux, on dirait que le stu­dio n’a­vait pas les moyens de faire un nou­veau X‑Men ! ») mais aus­si à la concur­rence (juste avant l’o­pé­ra­tion : « ne me faites pas un cos­tume vert, ni ani­mé ! », coup sous la cein­ture en direc­tion Green lan­tern, per­son­nage de DC Comics éga­le­ment inter­pré­té par Ryan Reynolds il y a quelques années).

Le personnage le plus puéril n'est pas la caricature d'adolescente rebelle à gauche. - photo Twentieh Century Fox
Le per­son­nage le plus pué­ril n’est pas la cari­ca­ture d’a­do­les­cente rebelle à gauche. — pho­to Twentieh Century Fox

Du coup, Deadpool est drôle. Pour ceux qui connaissent un peu l’u­ni­vers Marvel et pour ceux qui aiment les répliques très, très grasses.

Est-ce un bon film ? Euh… Là, je vais gar­der une cer­taine réserve. Hormis le côté paro­dique amu­sant, l’his­toire est très bateau (un mélange de ven­geance et de demoi­selle en détresse), essen­tiel­le­ment por­tée dans la pre­mière heure par une construc­tion asyn­chrone assez réus­sie et un comique de situa­tion dis­trayant puis, dans la deuxième heure, par une grosse bas­ton qui pète. Et puis, le méchant a la pré­sence d’un plat de nouilles au beurre : le per­son­nage n’est pas très recher­ché et, sur­tout, il est inter­pré­té par Ed Skrein, connu pour avoir été débar­qué de Game of thrones pour lais­ser la place à un vrai acteur et pour avoir tenu le pre­mier « rôle » dans le spec­ta­cu­lai­re­ment mau­vais Le trans­por­teur héri­tage. La réa­li­sa­tion vaut plus par son mon­tage effi­cace que par sa réelle maî­trise et dans le genre comé­die super-héroïque, Kick-Ass est très net­te­ment plus ryth­mé, plus drôle et plus trash, tout à la fois.

Deadpool est donc un peu Les sous-doués chez X‑Men. C’est réus­si, amu­sant, drôle, pre­nant, mais aus­si tota­le­ment oubliable sur le long terme.

¹ C’est en tout cas ce qui est mar­qué au générique.