Violent night

de Tommy Wirkola, 2022, ****

La magie de Noël, de nos jours, elle dure deux secondes. Les enfants ouvrent leur paquet, découvrent leur jouet, s’ex­ta­sient et… passent immé­dia­te­ment au cadeau sui­vant, comme des petits jun­kies qui courent de fix en fix sans jamais être ras­sa­siés. Aussi, quand le père Noël se retrouve dans un manoir dont la famille est prise en otage par des mer­ce­naires prêts à buter tout le monde, son pre­mier réflexe est de se bar­rer et de filer à la che­mi­née suivante.

Le père Noël boit de la bière
Autant de bou­lot à faire dans la nuit, y’a de quoi finir alcoo­lique… — cap­ture de bande-annonce Universal Pictures

Mais il y a un pro­blème : Trudy, l’une des otages. Une des rares petites filles encore gen­tilles, pas pour­ries par un consu­mé­risme omni­pré­sent, qui attendent Noël avec un vrai vœu et un vrai espoir. Le père Noël ne peut pas l’a­ban­don­ner… sur­tout qu’il n’ar­rive pas à remon­ter la che­mi­née et que ses rennes se sont bar­rés aux pre­miers coups de feu. Après avoir buté un des assaillants un peu par acci­dent, il est temps pour lui de mon­trer pour­quoi son cos­tume est rouge : on ver­ra moins les traces de sang…

David Harbour en père Noël à masse
Comme disait mon pote Thor, un mar­teau, c’est pra­tique. — cap­ture de bande-annonce Universal Pictures

Pour faire simple, dans la grande tra­di­tion des films de Noël, voi­ci le fils natu­rel de 58 minutes pour vivre, Maman j’ai raté l’a­vion, Bad Santa, et tous les télé­films de Noël fami­liaux au pre­mier degré habi­tuels. On y trouve donc de l’hu­mour désa­bu­sé, des pièges rigo­los, de la vio­lence gra­tuite, des gags gores, des engueu­lades fami­liales, de l’a­vi­di­té, des per­son­nages débiles, des per­son­nages héroïques, des per­son­nages lâches, des per­son­nages vénaux, des per­son­nages gen­tils, plein de per­son­nages vio­lents, des per­son­nages alcoo­liques. Les acteurs cabo­tinent ce qu’il faut, la réa­li­sa­tion est vire­vol­tante sans être illi­sible, la bande-son se fait dis­crète mais apporte une touche de déca­lage bien­ve­nue, les décors sont oppor­tu­né­ment kitsch et les réfé­rences sont nom­breuses, du film de vikings à ce bon vieux Piège de cris­tal.

La famille des gentils pris en otages
On est gen­tils, alors à la fin on sera heu­reux, comme dans tout bon navet de Noël. — pho­to Universal Pictures

L’ensemble est fen­dard, par­fois cynique, tou­jours trash, avec des bas­tons aus­si ima­gi­na­tives qu’un Bud Spencer et Terence Hill mais aus­si bru­tales qu’un sla­sher hor­ri­fique. Mais il y a aus­si, hélas, des pas­sages sucrés, gavés de gui­mauve de Noël, avec des scènes fami­liales tota­le­ment pre­mier degré qui mettent un peu à mal le soi­gneux édi­fice cyni­co-comique auquel le film aspi­rait. Violent night a un côté God bless America par­fois gran­diose, mais la face B est une authen­tique bluette fami­liale qui se fait par­fois un peu envahissante.

Restent des scènes comiques et gores extrê­me­ment réjouis­santes et un rythme entraî­nant, qui feront de ce film un incon­tour­nable des fins d’an­nées à venir chez ceux que l’hé­mo­glo­bine ne dérange pas.