Le visiteur du futur

de François Descraques, 2021, ****

Gilbert est content. En bon poli­ti­cien, il a réus­si à navi­guer entre les écueils et s’ap­prête à signer le jack­pot : il va auto­ri­ser l’im­plan­ta­tion d’un fabri­cant de cen­trales nucléaires chi­noises, chez qui il pour­ra pan­tou­fler tran­quille­ment une fois son man­dat ter­mi­né. De quoi lui assu­rer, ain­si qu’à sa fille, un train de vie somp­tueux pour quelques décennies…

Arnaud Ducret dans Le visiteur du futur
Bon, on le signe, ce contrat ? J’attends ma vil­la à St-Barth moi… — pho­to Pyramide Productions

Mais voi­là que débarque un visi­teur. Un visi­teur pouilleux et pani­qué. Un visi­teur du futur. Et il est armé. Gilbert découvre ain­si qu’il est le Sarah Connor de sa ligne tem­po­relle : il faut le buter pour évi­ter un acci­dent nucléaire qui, dans quelques décen­nies, ren­dra l’hé­mi­sphère nord qua­si­ment inhabitable…

Florent Dorin dans Le visiteur du futur
Je vais te mon­trer le futur, la suite va t’é­ton­ner. — pho­to Pyramide Productions

J’ai vu la pre­mière sai­son de la web­sé­rie il y a, oh là, disons que si j’a­vais mis un coup de boule à quel­qu’un à l’é­poque, ça serait pres­crit. Autant dire que je m’en sou­viens pas des masses. Mais de toute façon, le film est conçu pour être auto­nome. Et donc, vu l’é­tat de ma mémoire, je peux en témoi­gner : il l’est. On n’a abso­lu­ment pas besoin de réfé­rences pré­cé­dentes pour le com­prendre – enfin, c’est quand même utile de connaître quelques films post-apo­ca­lyp­tiques et quelques poli­ti­ciens égoïstes et arri­vistes pour sai­sir le sel du truc.

Oui, parce qu’il y a quand même des clins d’œil. Faut dire que Le visi­teur du futur, mal­gré son fond tra­gique, son futur mort, ses enfants per­dus, est une comé­die, voire une franche paro­die par moments. Le ton choi­si est avant tout lou­foque. Ça repose sur des répliques cin­glantes, des acteurs qui cabo­tinent juste ce qu’il faut, des clins d’œil à Valérian, agent spa­tio-tem­po­rel ou à The wal­king dead, et du comique de situa­tion facile avec des appa­reils ultra-hi-tech qui se détraquent, des robots qui ont leurs propres maga­zines, et des cré­tins qui com­prennent pas un simple compte à rebours.

Florent Dorin et Slimane-Baptiste Berhoun
Bah je sais pas à St-Trop, mais à Paris, le futur, ça pue. — pho­to Pyramide Productions

Est-ce sub­til ? Pas tou­jours. Est-ce un grand film ? Non plus. Mais c’est pas cen­sé l’être. C’est cen­sé être drôle, et ça, dans l’en­semble, ça l’est. Le contrat est donc par­fai­te­ment rem­pli, on passe un bon moment à rire bête­ment, et si ça peut faire réflé­chir une per­sonne à l’heure de glis­ser dans une urne un bul­le­tin pour un Gilbert, ça sera tou­jours ça de gagné.