Problemos
|d’Eric Judor, 2017, ***
Dans la vie, on n’a pas toujours envie de voir un documentaire sur la politique roumaine de 1956 à 1961. Parfois, on a juste envie de se masser le cerveau avec un truc bien con, et dans ce cas, les films d’Eric Judor sont souvent très indiqués.
Cette fois, il se plonge dans la politique en suivant une communauté zadiste — des gens d’horizons variés, qui ont en commun de vouloir défendre un coin de terre de la vile société capitaliste qui veut y faire un parc d’attractions. Lorsqu’une pandémie éradique du jour au lendemain le reste de l’humanité, les zadistes se retrouvent dans une situation complexe : sans l’ennemi qui les unifiait, leurs dissensions naturelles réapparaissent, au moment justement où ils doivent organiser leur survie.

Fils naturel de Tous au Larzac ! et de Malevil (je parle du roman, pas du film), Problemos est surtout l’héritier de Seuls two. Cependant, s’il repose à première vue sur une base relativement similaire, il va bien plus loin en parlant réellement de la vie moderne : ça n’est pas juste un délire gratuit, mais parfois l’air de rien une petite réflexion sur notre société — son consumérisme, bien sûr, les utopistes déconnectés, évidemment, mais aussi la superficialité et l’inculture, la nature humaine ou la nécessité d’une forme de marché pour optimiser les compétences et motiver les individus.

Ça n’est pas toujours très délicat, Victor étant l’incarnation du beauf ordinaire et la caricature étant un élément essentiel de la recette. Oui, refuser de donner un nom à l’enfant ou de dire de quel sexe il est parce qu’il n’est pas question de lui imposer une étiquette et un genre dès la naissance, c’est un peu exagéré ! Mais une fois cet aspect accepté, il faut bien admettre que certains problèmes récurrents des sociétés utopistes sont plutôt bien présentés, en particulier la répartition du travail et des richesses (qui finit toujours avec des gens plus égaux que les autres). Du coup, le fond du film est loin d’être aussi stupide que la forme pourrait le faire croire.
Le résultat est donc une comédie potache, souvent facile et un peu lourde, mais pas dénuée d’une certaine finesse. Et surtout, d’un fond amer et plutôt pessimiste sur la nature humaine, illustré par un dernier plan sinistre conclu sur un « cut » parfait.