Bone tomahawk

de S. Craig Zahler, 2015, ****

Nous sommes en 2012. S. Craig Zahler, direc­teur de la pho­to­gra­phie d’une paire de films mécon­nus à la fin des années 90, bat­teur de hea­vy metal, auteur d’un roman wes­tern jamais tra­duit et scé­na­riste d’un film d’hor­reur igno­ré par la cri­tique, approche la qua­ran­taine. Pour mar­quer le coup, il décide de pré­pa­rer un film où il serait auteur, réa­li­sa­teur et com­po­si­teur, qu’il ferait mon­ter par le type char­gé de Django unchai­ned et bien­tôt des Huit salo­pards, et où il ferait jouer des gens vague­ment connus comme Kurt Russell, Patrick Wilson ou Richard Jenkins.

On est tous d’ac­cord : c’est un wes­tern. — pho­to Highlight

Le résul­tat sort en 2015. Classé dans le wes­tern d’hor­reur par la cri­tique, il tire autant sur le poli­cier (quelques res­sem­blances cer­tai­ne­ment volon­taires avec True grit) et uti­lise beau­coup les ficelles du thril­ler fan­tas­tique, démar­rant comme il se doit par la pro­fa­na­tion d’un cime­tière indien par des ban­dits blancs.

Profondément inclas­sable, Bone toma­hawk oscille constam­ment entre diverses ten­dances, du psy­cho­lo­gique au gore en pas­sant par le niais — ah, le bles­sé qui tient abso­lu­ment à faire par­tie de l’é­qui­pée de sau­ve­teurs, au risque de ralen­tir tout le monde ! Le film trouve pour­tant sa voix, ori­gi­nale sinon sin­gu­lière, et arrive à digé­rer ses influences pour four­nir une matière solide. Il est évi­dem­ment bien aidé par son cas­ting de pre­mier ordre, mais celui-ci ne pour­rait rien faire sans des dia­logues réus­sis et des per­son­nages bien taillés, et les aspects tech­niques sont par­fai­te­ment maîtrisés.

J’aime qu’un plan se déroule sans accroc. — pho­to The Jokers / Le Pacte

Il vaut évi­dem­ment mieux aimer les wes­terns, sup­por­ter un peu de vio­lence gra­tuite, ne pas rechi­gner devant la morale dou­teuse et goû­ter une dose de fan­tas­tique, mais si c’est votre cas, c’est fran­che­ment un des films les plus inté­res­sants que j’ai vus récemment.