Vie sauvage
|de Cédric Kahn, 2014, **
Il y a une chose particulièrement réussie dans ce film : l’interprétation de Kassovitz, hippie champêtre convaincu qu’un enfant grandit bien mieux en famille dans la forêt que dans une école urbaine, puis père marginal et dictatorial, et enfin homme perdu, enfermé dans sa cavale et incapable de comprendre l’évolution de ses fils.
Il y a d’autres choses tout à fait convaincantes : la présentation de la vie en pleine nature, vue avec l’émerveillement de gamins de huit ans, et l’inacceptable cloître que représente une maison de famille pour ceux qui n’ont connu que les grands espaces.
Il y a des choses qui laissent plus dubitatif. Ainsi, l’évolution du fils aîné repose sur une très bonne volonté, mais rate un peu son objectif : il semble se réveiller d’un coup, juste parce que la fille, et passer sans transition d’enfant admiratif à adolescent rebelle.
Et il y a des choses franchement ratées, en premier lieu la gestion du rythme : bon et entraînant dans la première partie, il devient bancal, languissant et parfois paradoxalement trop succinct, dans la seconde. En fait, Cédric Kahn a très bien géré l’enfance et la mise en place, mais il n’a pas réussi à développer l’aspect adulte de son film, qui se conclut sur des retrouvailles particulièrement maladroites — la mère qui rejette absolument l’idée de retirer sa plainte, puis qui se retourne plus rapidement qu’une crêpe, les enfants qui passent de l’hostilité méfiante au happy end familial sans justification…
L’ensemble a donc les meilleures intentions et bien des qualités, mais se révèle au bout du compte plutôt brouillon, script et réalisation n’ayant pas su comment amener et gérer leur dernier acte après la transition du milieu.