Vie sauvage

de Cédric Kahn, 2014, **

Il y a une chose par­ti­cu­liè­re­ment réus­sie dans ce film : l’in­ter­pré­ta­tion de Kassovitz, hip­pie cham­pêtre convain­cu qu’un enfant gran­dit bien mieux en famille dans la forêt que dans une école urbaine, puis père mar­gi­nal et dic­ta­to­rial, et enfin homme per­du, enfer­mé dans sa cavale et inca­pable de com­prendre l’é­vo­lu­tion de ses fils.

Il y a d’autres choses tout à fait convain­cantes : la pré­sen­ta­tion de la vie en pleine nature, vue avec l’é­mer­veille­ment de gamins de huit ans, et l’i­nac­cep­table cloître que repré­sente une mai­son de famille pour ceux qui n’ont connu que les grands espaces.

Petits d'homme dans leur environnement naturel. - photo Carole Bethuel
Petits d’homme dans leur envi­ron­ne­ment natu­rel. — pho­to Carole Bethuel

Il y a des choses qui laissent plus dubi­ta­tif. Ainsi, l’é­vo­lu­tion du fils aîné repose sur une très bonne volon­té, mais rate un peu son objec­tif : il semble se réveiller d’un coup, juste parce que la fille, et pas­ser sans tran­si­tion d’en­fant admi­ra­tif à ado­les­cent rebelle.

Et il y a des choses fran­che­ment ratées, en pre­mier lieu la ges­tion du rythme : bon et entraî­nant dans la pre­mière par­tie, il devient ban­cal, lan­guis­sant et par­fois para­doxa­le­ment trop suc­cinct, dans la seconde. En fait, Cédric Kahn a très bien géré l’en­fance et la mise en place, mais il n’a pas réus­si à déve­lop­per l’as­pect adulte de son film, qui se conclut sur des retrou­vailles par­ti­cu­liè­re­ment mal­adroites — la mère qui rejette abso­lu­ment l’i­dée de reti­rer sa plainte, puis qui se retourne plus rapi­de­ment qu’une crêpe, les enfants qui passent de l’hos­ti­li­té méfiante au hap­py end fami­lial sans justification…

L’ensemble a donc les meilleures inten­tions et bien des qua­li­tés, mais se révèle au bout du compte plu­tôt brouillon, script et réa­li­sa­tion n’ayant pas su com­ment ame­ner et gérer leur der­nier acte après la tran­si­tion du milieu.