Le garçon et la bête
|de Mamoru Hosoda, 2015, ***
C’est une histoire assez classique : un enfant perdu devient l’élève d’un maître fainéant, et ils s’élèvent mutuellement jusqu’au jour où le premier retourne sur les traces des siens. C’est donc une fable initiatique assez classique, avec un enfant sérieux qui grandit jusqu’à l’âge adulte et un adulte puéril qui se révèle à lui-même.
Animation irréprochable, histoire bien construite, personnages amusants et juste assez caricaturaux pour bien passer, alternance réussie entre comique et tragique, tout est bon dans ce film. Pourtant, il ne prend pas vraiment : il manque de sel, d’un grain de folie, ou au contraire d’un vrai ancrage dans notre univers. En oscillant entre Shibuya (quartier de Tōkyō) et le monde des bêtes, il peine à trouver son équilibre et à vraiment toucher sa cible.
Rien de dramatique, c’est tout à fait regardable et même plutôt sympa, et les gamins dans la salle avaient l’air très contents en sortant ; mais avec ce matériau, quand on sait que le précédent film du réalisateur était le sublime, subtil et très touchant Les enfants-loups, Ame et Yuki, on ne peut pas s’empêcher de ressentir une pointe de déception.
L’anecdote du jour : lors du passage où l’ombre de Moby Dick plane sur la ville, un des passants s’exclame « on dirait… une baleine ! » À cet instant, j’ai entendu la gamine de cinq ou six ans assise derrière moi reprendre sévèrement : « non, c’est un cachalot ! »
On dirait que la relève est assurée.