Arès
|de Jean-Patrick Benes, 2015, ***
La quête de spectacle de notre société ramènera, tôt au tard, les gladiateurs sur scène. C’est en tout cas la conviction de bien des œuvres, du glaçant roman de politique-fiction La guerre olympique au spectaculaire film carcéral La course à la mort, en passant par des films de geeks comme Ultimate game, des westerns post-apocalyptiques comme Mad Max au delà du dôme du tonnerre, la série adolescente Hunger games ou le hockey et le « chess-boxing » revisités de la trilogie Nikopol.
Dans Arès, on lorgne ouvertement du côté bilalien : Paris est crade, misérable, et distraite par un miroir aux alouettes — la politique néo-fasciste chez Bilal, l’industrie chimique et psychotrope ici. Et l’on suit la vie d’un boxeur de seconde zone, jouant des matches rendus ultra-violents par la dope et les anti-douleurs, pour le bonheur des téléspectateurs.
Le scénario n’est pas d’une originalité folle — il est même plein de non-rebondissements, tellement les retournements de situation sont évidents. Mais il a deux forces : dans un univers où tout est perverti, il ne fait pas de ses héros des chevaliers blancs et, surtout, il mène sa logique à son terme, sans hésiter à tourner au massacre quand il le faut.
La légèreté du scénario est compensée par une réalisation certes un peu exagérée (notamment les retransmissions télé façon années 70) mais efficace, et un montage qui ne dépasse pas quatre-vingts minutes mais qui du coup garde un rythme implacable de bout en bout. Les acteurs jouent un peu caricaturalement, mais leurs personnages étant des caricatures, ça passe plutôt bien, et le désespoir gluant omniprésent amène une conclusion que peu auraient osée.
Du coup, rien de bouleversant, mais un bon uppercut bien placé pour un post-apocalyptique de série B tout à fait regardable.