Arès

de Jean-Patrick Benes, 2015, ***

La quête de spec­tacle de notre socié­té ramè­ne­ra, tôt au tard, les gla­dia­teurs sur scène. C’est en tout cas la convic­tion de bien des œuvres, du gla­çant roman de poli­tique-fic­tion La guerre olym­pique au spec­ta­cu­laire film car­cé­ral La course à la mort, en pas­sant par des films de geeks comme Ultimate game, des wes­terns post-apo­ca­lyp­tiques comme Mad Max au delà du dôme du ton­nerre, la série ado­les­cente Hunger games ou le hockey et le « chess-boxing » revi­si­tés de la tri­lo­gie Nikopol.

Ironie de l'histoire : le phare publicitaire de la France à l'exposition universelle de 1889 est transformé en panneau publicitaire. - photo Albertine productions - Gaumont
Ironie de l’his­toire : le phare publi­ci­taire de la France à l’ex­po­si­tion uni­ver­selle de 1889 est trans­for­mé en pan­neau publi­ci­taire. — pho­to Albertine pro­duc­tions — Gaumont

Dans Arès, on lorgne ouver­te­ment du côté bila­lien : Paris est crade, misé­rable, et dis­traite par un miroir aux alouettes — la poli­tique néo-fas­ciste chez Bilal, l’in­dus­trie chi­mique et psy­cho­trope ici. Et l’on suit la vie d’un boxeur de seconde zone, jouant des matches ren­dus ultra-vio­lents par la dope et les anti-dou­leurs, pour le bon­heur des téléspectateurs.

Le scé­na­rio n’est pas d’une ori­gi­na­li­té folle — il est même plein de non-rebon­dis­se­ments, tel­le­ment les retour­ne­ments de situa­tion sont évi­dents. Mais il a deux forces : dans un uni­vers où tout est per­ver­ti, il ne fait pas de ses héros des che­va­liers blancs et, sur­tout, il mène sa logique à son terme, sans hési­ter à tour­ner au mas­sacre quand il le faut.

Le premier round a été compliqué, je te remets un coup de boost… - photo Youri Zakovitch pour Albertine productions - Gaumont
Le pre­mier round a été com­pli­qué, je te remets un coup de boost… — pho­to Youri Zakovitch pour Albertine pro­duc­tions — Gaumont

La légè­re­té du scé­na­rio est com­pen­sée par une réa­li­sa­tion certes un peu exa­gé­rée (notam­ment les retrans­mis­sions télé façon années 70) mais effi­cace, et un mon­tage qui ne dépasse pas quatre-vingts minutes mais qui du coup garde un rythme impla­cable de bout en bout. Les acteurs jouent un peu cari­ca­tu­ra­le­ment, mais leurs per­son­nages étant des cari­ca­tures, ça passe plu­tôt bien, et le déses­poir gluant omni­pré­sent amène une conclu­sion que peu auraient osée.

Du coup, rien de bou­le­ver­sant, mais un bon upper­cut bien pla­cé pour un post-apo­ca­lyp­tique de série B tout à fait regardable.