The purge : election year¹

de James DeMonaco, 2016, ****

Dans son pre­mier épi­sode, DeMonaco jouait la carte du huis-clos angois­sant dans une famille de la classe moyenne. Ça ne fonc­tion­nait qu’à moi­tié, et il avait heu­reu­se­ment choi­si de pas­ser au road-movie sur­vi­vor pour le deuxième volet, ce qui mar­chait beau­coup mieux.

La purge, la grandeur des États-Unis. - photo Universal Pictures
La purge, la gran­deur des États-Unis. — pho­to Universal Pictures

Pour le troi­sième opus, il mixe les recettes pour pas­ser d’in­té­rieurs cloî­trés à des caval­cades urbaines, et pour­suit l’é­vo­lu­tion poli­tique du deuxième : la purge est évi­dem­ment l’oc­ca­sion de se débar­ras­ser des gens qu’on n’aime pas, et ce prin­cipe guide les uns et les autres jus­qu’au plus haut niveau de l’État — jus­qu’à faire buter une can­di­date à la pré­si­dence de la République ou des élites de la Nation.

Cependant, DeMonaco intro­duit à nou­veau un élé­ment sup­plé­men­taire : après s’être inté­res­sé aux gens qui vivaient la purge, volon­tai­re­ment ou non, il suit ceux que cette pra­tique révulse et qui sou­haitent y mettre fin. Cela peut être un type ordi­naire qui flippe de devoir pro­té­ger lui-même sa bou­tique, une séna­trice révol­tée par la mor­ta­li­té de cette nuit supé­rieure à la mor­ta­li­té annuelle d’a­vant la refon­da­tion, ou n’im­porte qui entre ces deux extrêmes.

Une élection qui oppose une femme de convictions cultivée à un maniaque violent adorant les armes : heureusement que le scénario a été écrit il y a deux ans… - photo Universal Pictures
Une élec­tion qui oppose une femme de convic­tions culti­vée à un maniaque violent ado­rant les armes : heu­reu­se­ment que le scé­na­rio a été écrit il y a deux ans… — pho­to Universal Pictures

Le mon­tage est tou­jours ner­veux, Jacques Jouffret a plu­tôt amé­lio­ré sa pho­to par rap­port aux pré­cé­dents volumes, et le mélange d’ac­tion, de délires gra­tuits (la déco­ra­tion de la voi­ture…), de retour­ne­ments bru­ta­le­ment gaguesques et de poli­tique-fic­tion par­fois acerbe est tou­jours effi­cace. On retrouve éga­le­ment les mêmes fai­blesses, des résur­gences kubri­ckiennes un peu trop pré­sentes à cer­tains res­sorts scé­na­ris­tiques un peu trop évi­dents en pas­sant par une fin un peu trop morale.

Mais dans l’en­semble, ça reste fort agréable.

¹ Comme pour les pré­cé­dents volumes, le Comité anti-tra­duc­tions foi­reuses a auto­ri­sé les pires repré­sailles contre qui­conque uti­li­se­rait le titre « fran­çais » à base de « ame­ri­can nightmare ».