Dune

signal car­ré de Hans Zimmer sur dia­po­ra­ma de Denis Villeneuve, 2021

C’est l’his­toire de Maigrichon. Maigrichon est ᴘᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴ et noble famille, à laquelle l’empereur vient de confier l’ad­mi­nis­tra­tion ᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴ. Celle-ci regorge d’une ᴘᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴ chère, l’é­pice, mais elle est aus­si aride, hos­tile, pleine d’au­toch­tones farouches et de ᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴ. Pôpa veut chan­ger la recette de la colo­ni­sa­tion, exploi­ter la ᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴ avec ses habi­tants et faire for­tune ; l’empereur, lui, espère bien que la famᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴɴɴ à son goût, se cas­se­ra les dents ᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴuffer par les animᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴɴɴtoch­tones. Un traître tuᴘᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴuit dans le désert aveᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴɴɴɴchtones par­mi les­quels ᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴɴɴɴɴɴɴɴde ses rêves.

Le père et le fils
Tu sais fis­ton, un grand ᴘᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴ pas le pou­voir, c’est le pou­voir qui le ᴘᴏᴏᴏᴏᴏᴏᴏɴɴɴɴɴɴ — pho­to Warner Bros

Si vous avez l’im­pres­sion que le résu­mé ci-des­sus est dif­fi­cile à lire, c’est peut-être parce que j’ai essayé de vous décrire aus­si fidè­le­ment que pos­sible l’im­pres­sion que ça fait quand on regarde le film. En fait, en zoo­mant bien sur l’é­cran d’un oscil­lo­scope, vous ver­rez que la bande-son est essen­tiel­le­ment com­po­sée de trucs res­sem­blant à ça : _¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_¯_. Un bon gros signal car­ré, plus ou moins aigu et plus ou moins mixé aux dia­logues selon les moments. Ça donne l’im­pres­sion d’as­sis­ter à un concert de did­ge­ri­doo élec­trique où l’in­gé­nieur du son aurait un peu for­cé sur la dis­tor­sion. Si, comme moi, vous êtes sen­sible aux bruits agres­sifs et enva­his­sants, vous regret­te­rez d’a­voir oublié vos boules Quiès.

Mais, curieu­se­ment, le son n’est pas le pro­blème majeur du film. Non. Le vrai sou­ci, c’est le scénario.

Si vous avez l’im­pres­sion que je vous ai racon­té seule­ment l’in­tro­duc­tion, inquié­tez-vous : il n’en est rien. En fait, toute la par­tie décrite ci-des­sus avec force détails se ter­mine, au bout de deux heures et trente-six minutes, avec le géné­rique et, une minute plus tard (le pro­jec­tion­niste aus­si avait dû s’en­dor­mir), le retour de l’é­clai­rage dans la salle. Comment donc, avec un truc qui tient en six phrases pas trop longues, occu­per l’é­cran durant deux heures et trente-six minutes, demanderez-vous ?

Paysage avec Timothée Chalamet et Rebecca Ferguson
Dis, Maman, vu qu’on vient de dire deux phrases, on peut res­ter figés, le regard sur l’ho­ri­zon, jus­qu’à ce que la corne de brume s’é­teigne ?… — pho­to Warner Bros

Et bien, c’est simple : à chaque fois que quel­qu’un dit un truc, faites un plan fixe de deux secondes sur son visage, un plan fixe de deux secondes sur son inter­lo­cu­teur, puis seule­ment enchaî­nez avec la réplique.

Si vous avez des acteurs capables d’être plus immo­biles que leur repro­duc­tion du musée Grévin pen­dant les­dits plans fixes, c’est encore mieux. Denis Villeneuve gra­ti­fie ain­si les sons d’Hans Zimmer d’un superbe dia­po­ra­ma, certes un peu coû­teux, qu’il agré­mente pour varier les plai­sirs d’une poi­gnée de scènes d’ac­tion au réa­lisme soufflant.

Par exemple, vous saviez que les zygo­ptères remuent les ailes à plat, de haut en bas et de bas en haut, pour réa­li­ser un vol sta­tion­naire ? Comment ça, aéro­dy­na­mi­que­ment, ça n’est pas pos­sible ? Vous dites ? Pour un vol sta­tion­naire, il faut soit plier les ailes à la mon­tée et les étendre à la des­cente (comme la plu­part des oiseaux), soit faire une phase mon­tante ver­ti­cale et une phase des­cen­dante hori­zon­tale (cas des insectes en géné­ral), soit faire un bat­te­ment hori­zon­tal (comme les coli­bris notam­ment) ? Oh, ça va, hein, Villeneuve est pas aéro­dy­na­mi­cien, d’a­bord. Et puis voi­là mon hypo­thèse : les « ortho­ptères » du film volent grâce à un moteur à anti-gra­vi­té, et les ailes servent juste à refroi­dir la machine, parce qu’il fait chaud, sur Dune.

Zendaya en Fremen
Comment ça, j’ai trop de talent pour m’a­bais­ser à ça ? Et tu crois que Tim, Oscar, Josh, Stellan ou Javier méri­taient pas mieux ? — pho­to Warner Bros

Je disais donc, réa­lisme bluf­fant, scènes d’ac­tion aus­si sur­pre­nantes que l’ad­di­tion à la sor­tie d’une bou­tique « tout à 1 € », et dia­logues. entre­cou­pés. de. longs. plans. fixes. qui. vous. laissent. bien. com­prendre. tout. ce. qui. se. dit, le tout sou­li­gné par un bruit tel­le­ment enva­his­sant qu’on se demande si ce ne sont pas les images qui ont été ajou­tées pour le déco­rer, lui. Ajoutons que c’est fran­che­ment pré­ten­tieux et auto­sa­tis­fait, que le film passe son temps à te dire : « oua­hou, c’est pro­fond ce qu’on vient de faire, hein, t’as vu ? », et vous com­pren­drez que je ne suis pas aus­si embal­lé que l’Arc de Triomphe.

D’ailleurs, à la sor­tie, l’ap­pli­ca­tion de ma montre, qui détecte les siestes en pleine jour­née, affi­chait ça.

Sommeil léger pendant Dune
Début du film : same­di à 11 h 15. Film du film : 13 h 50. Jeudi. Ou ven­dre­di, peut-être. — cap­ture Zepp

Évidemment, c’est une erreur : Hans Zimmer s’est assu­ré que per­sonne ne s’en­dorme. Mais ça en dit long sur mon enthou­siasme : j’ai pas­sé deux heures et demie encas­tré dans mon fau­teuil, à attendre que ça se ter­mine comme Catherine Howard le soir de ses noces.

Le pire, c’est que pen­dant que j’at­ten­dais patiem­ment que ça com­mence, le film s’est ter­mi­né. Et pas n’im­porte com­ment. Il s’est conclu sur cette phrase mémo­rable : « ce n’est que le début ».

Il est donc hau­te­ment pro­bable que la pro­duc­tion tente, à l’a­ve­nir, de nous infli­ger d’autres films de ce genre. Soyez pré­ve­nus. Le moment venu, ce sera cha­cun pour soi : fuyez sans vous retourner.