Death note
|de Tetsurō Araki, Takeshi Obata et Tsugumi Ōba, 2006–2007, *
Pour tuer quelqu’un, les dieux de la mort notent son nom dans un carnet. De temps en temps, l’un de ces carnets se perd et arrive dans le monde des humains : il continue alors à fonctionner et permet à celui qui le trouve de tuer des gens.
Light Yagami, lycéen, fils de flic, tombe sur un de ces carnets. Curieux d’en vérifier le pouvoir, il y écrit le nom d’un criminel… qui fait effectivement une crise cardiaque quarante secondes plus tard. Light décide donc d’utiliser le carnet pour épurer la société. Mais un grand pouvoir implique de grandes ambitions : rapidement, il pense pouvoir devenir un dieu et régner sur Terre. Pendant ce temps, son père est placé à la tête d’une unité spéciale, destinée à arrêter le mystérieux assassin qui tue jusque dans les prisons, avec l’aide de L, un énigmatique enquêteur privé, un peu autiste mais brillant.
La première quinzaine d’épisodes est vraiment bien. Ça tourne comme une horloge, on découvre peu à peu les différents éléments de l’univers, Light évolue de ses premiers essais presque innocents à une utilisation tactique de son death note, le match entre Light et L s’intensifie peu à peu…
Mais ça ne dure guère. Le niveau baisse lorsque Misa se met au service de Light, et plus encore lorsque Light infiltre l’équipe de L. À partir de là, la société est totalement oubliée, les autres personnages deviennent des toiles de fond sans grand intérêt, et on assiste juste aux jeux successifs du match qui oppose ces deux esprits amateurs de stratégies élaborées (et souvent ridiculement compliquées). Il y a tout de même quelques bons moments (ah, Matsuda, t’es con mais t’es drôle, surtout quand tu te prends pour James Bond), mais l’ensemble commence un peu à tourner en rond.
Et puis, il y a le retournement du 25e épisode, l’ellipse de cinq ans et la reprise. Et là, c’est le drame.
Light n’ayant plus de véritable ennemi et les scénaristes n’ayant plus de véritable idée, ils vont lui en inventer un nouveau, oh non tiens, c’est le printemps, deux nouveaux !, et reprendre la trame des épisodes 12 à 25 en boucle. Faut être clair : M et N sont complètement ratés, à cent lieues de L, dont ils ne sont au fond que des copies mal ficelées.
Du coup, les auteurs en rajoutent dans la référence symbolique, semblant s’interroger sur la peine de mort, la responsabilité, la fin et les moyens, les conséquences de ses actes, tout ça. Sauf qu’en fait, ils ont déjà abordé ces sujets, et bien plus subtilement, dans les quinze premiers épisodes.
Par ailleurs, Misa, grosso modo le seul personnage féminin (avec la déesse Rem), était un peu cruche au premier abord, ultra-kawaii (pour le meilleur et pour le pire) mais finalement pas si idiote : elle avait un deuxième niveau, plus profond et intellectuel. Dans la seconde moitié de l’anime, Rem disparaît et Misa vire au niaiseux le plus complet, répétant en boucle « I ♥ Light » et faisant n’importe quelle connerie. Ainsi, la fin de la série a un message sous-jacent très clair : les femmes ne sont bonnes à rien, sinon à gaffer.
Et pour finir en beauté, les deux derniers épisodes délient sur quarante minutes un finale qui occuperait normalement sept minutes tout au plus.
Voilà donc une série qui commence bien, avec une bonne idée et un traitement bien retors très approprié, et qui s’effrite morceau par morceau à partir de la troisième heure pour finir par une quinzaine d’épisodes répétitifs, mous du genou et intellectuellement crasseux. On ne peut même pas vraiment donner une liste d’épisodes à voir : la dégradation est progressive mais inéluctable, et la seule solution pour éviter la fange finale est de zapper l’ensemble de l’anime.