Vivarium
|de Lorcan Finnegan, 2019, **
Le 12 mars, je me rendais dans l’annexe de mon salon (la salle 11 de mon CGR local) pour voir Vivarium. C’est l’histoire d’un couple qui visite une maison et qui se retrouve enfermé dans son lotissement, totalement isolé, sans possibilité d’en sortir. Le 17 mars, comme vous, je me retrouvais dans mon appart, totalement isolé, sans possibilité d’en sortir.
Là s’arrête le parallèle. J’avais toujours Internet et, heureusement, personne n’a déposé de bébé sur mon paillasson pendant la nuit.
Ah oui, c’est le nœud du film : un matin, le couple se retrouve face à un bébé, avec une note disant qu’ils seront libérés après l’avoir élevé. Le reste, ce sont toutes les tensions, les alliances, les affrontements qui surgissent entre le fatalisme d’obéir, l’obsession de s’évader et la tentation de tout brûler. Il n’est pas évident de raconter le film, en fait : c’est un voyage intérieur dans le couple, ses déchirures et ses retrouvailles, plutôt qu’une vraie histoire.
L’idée de base est originale et le film est plutôt bien fait, que ce soit dans la création de son univers fantastico-normal, dans la gestion de ses personnages, dans son suspense qui joue sur les codes du film d’horreur sans jamais y basculer, ou dans la direction de son duo d’acteurs. On peut regretter l’ouverture façon film naturaliste, qui donne beaucoup trop de clefs, mais on peut aussi choisir de l’ignorer pour voir dans le film une métaphore sur le fait d’avoir un enfant, le syndrome de Stockholm et les envies de meurtre qui suivent.
La vraie faiblesse, c’est le rythme. Après un début posé et une ambiance bien construite, ça se met à tourner en rond, puis ça repart sur les chapeaux de roues, puis ça tombe dans la langueur jusqu’à la mollesse… Cette alternance ne semble pas vraiment maîtrisée et donne plutôt l’impression que le montage a allongé la sauce çà et là juste pour dépasser l’heure et demie — alors qu’un petit film d’une heure vingt est parfois plus réussi.
Reste un petit thriller psychologique original, plein de bonne volonté, qui donne pas envie de faire confiance aux agents immobiliers ou d’avoir des enfants, mais qui change un peu des films ordinaires.