En liberté !
|de Pierre Salvadori, 2018, ***
Les flics de cinéma sont des êtres étranges. Imperturbables, imbattables, ils ont la classe même quand ils enfoncent une porte, 357 à la main. Et ils vivent dans des villas avec une jolie vue sur la mer, alors que leurs fiches de paie sont celles de fonctionnaires de catégorie A.
Yvonne Santi, lieutenant de police, est la veuve d’un flic de cinéma. Et lorsque, le soir, elle raconte à son fils les exploits super classes de feu l’imbattable commissaire Santi, elle oublie de se demander comment celui-ci a pu leur laisser une villa avec jolie vue sur la mer.
Jusqu’au jour où, un peu par hasard, elle apprend que Santi a braqué une bijouterie, faisant porter le chapeau à un employé qui croupit depuis en tôle. À sa sortie, elle se met à le suivre dans l’espoir de réparer les torts.
Ceci dit, En liberté ! n’est pas vraiment un polar. Ça parle beaucoup plus de réinsertion, ou plutôt de l’absence de préparation à la réinsertion dans le système carcéral français — connu pour transformer en quelques années des petits marginaux en criminels endurcis. Ça parle aussi énormément de fantasmes, d’illusions, d’espoirs et de déceptions, chez les adultes comme chez l’enfant. Et, surtout, c’est une suite de gags absurdes, souvent totalement délirants, parfois absolument gratuits, utilisant beaucoup le comique de répétition et, un peu, le comique de situation (oui, oui, il est plus facile de prétendre être pute que d’avouer qu’on est flic).
Grand film ? Non, clairement pas. C’est une ode à l’absurde, avec un petit côté Monty Python dans les enchaînements (mais, heureusement, sans aller aussi loin dans le non-sens). Il ne faut absolument pas s’attendre à voir des personnages subtils ou un film social comme Salvadori a pu en faire : ici, c’est un gros sketch sans prétention qu’il nous propose.
Sans réelle importance, sans vrai message (à part peut-être sur le suivi psychiatrique des prisonniers), sans ambition concrète sinon de faire rire à peu de frais. Et pris comme ça, c’est assez réussi.