Mile 22

de Peter Berg, 2018, *

Il y a trente-cinq kilo­mètres entre l’am­bas­sade des États-Unis en Indonésie et un petit ter­rain où la CIA peut poser un C‑130. Pour James, Alice, Sam, William et leur colis Li, le kilo­mètre 351, c’est donc la sor­tie, l’en­droit où ils pour­ront arrê­ter de cou­rir en se bat­tant contre les Russkoffs et souf­fler un peu.

Et en atten­dant, ben ils vont cou­rir en se bat­tant contre les Russkoffs sans souffler.

Dis donc, toi, là, le scé­na­riste, main­te­nant que t’as tout fait péter, sors de là si t’es un homme ! — pho­to Murray Close pour STX Financing

Évidemment, il y a bien un vague pré­texte au scé­na­rio (Li a des infor­ma­tions sur du césium per­du dans la nature et ne les remet­tra que si les États-Unis l’ex­filtrent). Il y a aus­si de vagues pré­textes aux per­son­nages (James et son syn­drome de stress post-trau­ma­tique, Alice et sa famille). Mais comme tous les pré­textes, on les oublie vite : le nerf du film, c’est pan-pan-pan pif-paf boum. De la course en voi­ture, de la course à pied, des balles qui fusent, des gre­nades qui explosent.

C’est le moment où l’on se rap­pelle bru­ta­le­ment que si Peter Berg nous a offert le sym­pa Hancock, l’a­ride Du sang et des larmes, le très bon Deepwater Horizon ou encore (comme pro­duc­teur) l’ad­mi­rable Wind river, il nous a aus­si pon­du l’ef­froyable Battleship.

Et ce Mile 22 en a toute la pro­fon­deur de pen­sée. Il a juste des bases plus solides, moins ridi­cules, en repo­sant sur une his­toire d’es­pion­nage-action d’un clas­si­cisme abso­lu plu­tôt que sur une inva­sion nullissime.

Tu sais, j’ai l’ha­bi­tude des zom­bies. Inutile d’es­sayer de me faire croire que ton cer­veau fonc­tionne encore. — pho­to STX Financing

Ne bou­dons pas notre plai­sir : le résul­tat est regar­dable, entraî­nant même, et cer­taines scènes de bas­ton sont d’une effi­ca­ci­té indé­niable. Mais la pau­vre­té du pro­pos en fait un film pop-corn à suivre d’un œil en pen­sant au sou­rire de l’ou­vreuse ou en anti­ci­pant votre navi­ga­tion du week-end, cer­tai­ne­ment pas une œuvre qui mérite que vous payiez 5,90 € pour la voir.

  1. Le Comité anti-tra­duc­tions foi­reuses, fidèle à son man­tra « soit tu tra­duis, soit tu tra­duis pas, bor­del », se doit de rap­pe­ler qu’en fran­çais, l’u­ni­té de dis­tance s’é­crit « mille ». Donc en ne met­tant qu’un l, la dis­tri­bu­tion fran­çaise a juste chan­gé un titre anglais pour un autre titre anglais.