Les Indestructibles 2
|de Brad Bird, 2018, ***
Dans un monde de communication, les carrières se font et les vies se détruisent en fonction de la perception d’un événement. Pour les super-héros, qui ont tendance à laisser des villes en ruines après avoir arrêté les super-méchants, c’est un problème : considérés comme coresponsables des dégâts, ils sont interdits. Mais ça pourrait aussi être la solution : si on prenait l’une d’entre elle, plutôt mignonne et aux pouvoirs pas trop létaux si possible, pour mener des interventions ponctuelles et restaurer l’image des super-héros dans leur ensemble ?
Voici le point de départ de cette suite des Indestructibles. Où, vous l’aurez compris, c’est la mère, Helen/Elastigirl, qui est mise au premier plan dans une opération de communication, laissant Bob/M. Indestructible s’occuper de la maison.
Rien à signaler sur le plan technique : Brad Bird sait rythmer un film, il sait diriger une animation (souvenez-vous de Ratatouille), tout ça. Les scènes d’action sont spectaculaires à défaut d’être vraiment originales, l’animation est fluide et précise, l’image est soignée…
Autre qualité : la prise de pouvoir du féminin permet de renouveler agréablement l’histoire, à la fois en développant le potentiel comique du mâle alpha (un peu bêta parfois) et en mettant en avant des personnages habituellement secondaires. Les Indestructibles 2 n’est ainsi pas une simple suite et apporte de nouveaux thèmes et une nouvelle hiérarchie à son histoire.
Hélas, le scénario manque un peu de structure. Les ingrédients caractéristiques des Pixar (des gags pour les enfants, un second niveau de lecture pour les adultes, de l’action et une touche de poésie pour tous) sont bien là, mais le mélange n’est pas aussi homogène que d’habitude. La faute, sans doute, à ce choix de conter deux histoires différentes : d’un côté, Elastigirl découvrant le métier de communicante et porte-parole, de l’autre, Bob découvrant les joies et les difficultés d’un père au foyer. La répartition des scènes souffre un peu de cette dichotomie : les clins d’œil pour les grands sont essentiellement dans la première partie, les gags rigolos principalement dans la seconde.
Évidemment, on passe régulièrement d’un environnement à l’autre et les différentes tonalités du film sont soigneusement alternées. Mais on a un peu l’impression de voir deux histoires en parallèles, très différentes l’une de l’autre, portant des ambiances distinctes, qui nuisent à l’unité du film.
Ça reste évidemment bon, distrayant, entraînant, drôle souvent et un peu triste parfois. Mais dans la constellation Pixar, ça n’est clairement pas l’étoile la plus brillante.