Les Indestructibles 2

de Brad Bird, 2018, ***

Dans un monde de com­mu­ni­ca­tion, les car­rières se font et les vies se détruisent en fonc­tion de la per­cep­tion d’un évé­ne­ment. Pour les super-héros, qui ont ten­dance à lais­ser des villes en ruines après avoir arrê­té les super-méchants, c’est un pro­blème : consi­dé­rés comme cores­pon­sables des dégâts, ils sont inter­dits. Mais ça pour­rait aus­si être la solu­tion : si on pre­nait l’une d’entre elle, plu­tôt mignonne et aux pou­voirs pas trop létaux si pos­sible, pour mener des inter­ven­tions ponc­tuelles et res­tau­rer l’i­mage des super-héros dans leur ensemble ?

Ce qu’il vous faut, c’est un plan de com­mu­ni­ca­tion… — image Walt Disney Company

Voici le point de départ de cette suite des Indestructibles. Où, vous l’au­rez com­pris, c’est la mère, Helen/Elastigirl, qui est mise au pre­mier plan dans une opé­ra­tion de com­mu­ni­ca­tion, lais­sant Bob/M. Indestructible s’oc­cu­per de la maison.

Rien à signa­ler sur le plan tech­nique : Brad Bird sait ryth­mer un film, il sait diri­ger une ani­ma­tion (sou­ve­nez-vous de Ratatouille), tout ça. Les scènes d’ac­tion sont spec­ta­cu­laires à défaut d’être vrai­ment ori­gi­nales, l’a­ni­ma­tion est fluide et pré­cise, l’i­mage est soignée…

…un nou­veau cos­tume, une nou­velle moto, et on met en avant la super-héroïne qui ne fait pas peur. — image Walt Disney Company

Autre qua­li­té : la prise de pou­voir du fémi­nin per­met de renou­ve­ler agréa­ble­ment l’his­toire, à la fois en déve­lop­pant le poten­tiel comique du mâle alpha (un peu bêta par­fois) et en met­tant en avant des per­son­nages habi­tuel­le­ment secon­daires. Les Indestructibles 2 n’est ain­si pas une simple suite et apporte de nou­veaux thèmes et une nou­velle hié­rar­chie à son histoire.

Hélas, le scé­na­rio manque un peu de struc­ture. Les ingré­dients carac­té­ris­tiques des Pixar (des gags pour les enfants, un second niveau de lec­ture pour les adultes, de l’ac­tion et une touche de poé­sie pour tous) sont bien là, mais le mélange n’est pas aus­si homo­gène que d’ha­bi­tude. La faute, sans doute, à ce choix de conter deux his­toires dif­fé­rentes : d’un côté, Elastigirl décou­vrant le métier de com­mu­ni­cante et porte-parole, de l’autre, Bob décou­vrant les joies et les dif­fi­cul­tés d’un père au foyer. La répar­ti­tion des scènes souffre un peu de cette dicho­to­mie : les clins d’œil pour les grands sont essen­tiel­le­ment dans la pre­mière par­tie, les gags rigo­los prin­ci­pa­le­ment dans la seconde.

Monsieur ? Vos pou­voirs sont un peu… ter­ri­fiants. Restez à la mai­son, mer­ci. — image Walt Disney Company

Évidemment, on passe régu­liè­re­ment d’un envi­ron­ne­ment à l’autre et les dif­fé­rentes tona­li­tés du film sont soi­gneu­se­ment alter­nées. Mais on a un peu l’im­pres­sion de voir deux his­toires en paral­lèles, très dif­fé­rentes l’une de l’autre, por­tant des ambiances dis­tinctes, qui nuisent à l’u­ni­té du film.

Ça reste évi­dem­ment bon, dis­trayant, entraî­nant, drôle sou­vent et un peu triste par­fois. Mais dans la constel­la­tion Pixar, ça n’est clai­re­ment pas l’é­toile la plus brillante.