Solo : a Star wars story
|de Ron Howard, 2018, ***
Vous connaissez Han Solo ? Oui, c’est un contrebandier à la morale variable, attaché à son vaisseau et à sa peluche de copilote, et qui n’a rien à foutre de personne jusqu’à sa rencontre avec Leïa Organa.
Et bien, voici sa jeunesse. Où on le découvre idéaliste : il veut absolument sauver sa copine, il suffit qu’on lui dise « oh ton employeur il est méchant avec nous » pour qu’il aide n’importe quelle rouquine de passage, tout ça. Il est aussi super doué pour les langues (mais où a‑t-il appris le wookie ?) et capable de téléportation (comment il rattrape Beckett au juste ?). Amateurs de cohérence, passez votre chemin : le Han nouveau est un prince Disney, pas un vaurien Lucassien.
Le casting est toujours critique dans les Star wars. Celui-ci souffle le chaud et le froid : Harrelson, Clarke et Glover font leur taf (non sans cabotiner un peu parfois), mais, euh, l’acteur principal, attendez, je vais retrouver son nom, bougez pas… Ehrenreich, c’est ça, est à peu près aussi marquant que le décor de l’astroport. La tradition selon laquelle l’acteur le plus transparent porte le premier rôle est donc respectée.
Notons en passant un personnage qui n’a pas fini de diviser les analystes : L3-37. Dans l’esprit des auteurs, j’imagine que ça devait être une sorte de Dobby vindicatif portant haut les couleurs de la quête pour l’égalité des droits ; mais le résultat, à mon humble avis, est une caricature pesante d’une frange ultra-féministe qui dessert plutôt sa cause…
Tout à jeter ? Non, Dieu merci. Si le scénario et quelques détails techniques sont débiles, certains dialogues fonctionnent et on sait enfin à quoi correspond ce raid de Kessel en 12 parsecs qui a fait hurler deux générations d’astrophysiciens. Par ailleurs, le côté « aventures » est bien mené : le savoir-faire de Ron Howard permet aux scènes d’action d’être parfaitement rythmées et visuellement réussies, malgré une conception parfois franchement foireuse (je veux le nom du type qui a dessiné ce train).
L’ensemble déroule donc avec facilité, multipliant les clins d’œil aux fans et tournant comme une horloge, mais souffre d’un manque réel d’inspiration et d’un oubli complet de ce qui faisait le charme de Han Solo. Ça reste un grand spectacle agréable, ça confirme amplement que les pré-postquelles (là, c’est l’épisode 3,25, en fait) dépassent largement la troisième trilogie, ça fait passer un bon moment aux fans… et globalement, ça en touche sans faire bouger l’autre.