American made¹
|de Doug Liman, 2017, ****
Vous vous souvenez de Robert Musella, l’agent des douanes américaines infiltré comme banquier pour faire tomber le cartel de Medellín ? Vous vous souvenez peut-être, alors, du pilote interprété par Michael Paré, un certain Barry Seal, qui passait à l’époque sa vie à faire des allers-et-retours entre l’Arkansas et la Colombie.
Et bien, il a lui aussi droit à son film.
Celui-ci raconte plus ou moins comment il a quitté TWA (oubliant qu’il a dans la réalité un peu été licencié pour faute après avoir voulu faire passer des explosifs au Mexique) et comment la CIA lui a offert un avion pour photographier des trafiquants au Nicaragua, avant qu’il décide d’arrondir ses fins de mois en rapportant de la drogue en plus des informations demandées.
L’approche est délibérément moins sérieuse qu’Infiltrator et certaines scènes sont franchement comiques — jusqu’au théâtre de boulevard par moments, les gags avec les sacs d’argent étant disséminés crescendo tout au long du film. C’est léger, rythmé, avec juste ce qu’il faut de suspense et de tragédie pour ne pas tourner qu’à la farce. Les acteurs font leur travail sans mériter d’éloge ou de critique particuliers ; tout au plus peut-on noter que Cruise est tout à fait crédible quand il regarde avec envie un Aerostar 600, comme quand il est aux commandes : c’est l’avantage d’avoir un acteur qui pilote vraiment.
Pour les amateurs d’aviation, c’est d’ailleurs une bonne surprise, puisqu’on y voit un peu de tout, du Bonanza au Provider en passant par des King Air. On y trouve plein de considérations plus ou moins sérieuses, d’une très brève introduction au calcul des performances au décollage dans les montagnes colombiennes au mode d’emploi pour semer un Citation des douanes. Les plans coupes laissent parfois entrevoir un A320 totalement anachronique et les avions volent un peu trop souvent avec les volets sortis, mais dans l’ensemble on a vu bien des films d’aviation plus sérieux être moins crédibles.
L’ambiance 80s est rendue par une musique d’époque et quelques jeux sur la qualité d’image (lors des journaux télévisés et des vidéos personnelles), mais la réalisation est dans la veine des comédies d’action modernes et le film n’a pas de réelle prétention historique : lorsqu’il a le choix entre la réalité et une alternative plus fun, il n’hésite pas. L’ensemble est donc distrayant, parfois drôle, un poil cabot çà et là mais très sympathique.
¹ Le Comité anti-traductions foireuses aurait compris que la distribution française choisisse un titre du genre « Barry Seal ». Mais lui adjoindre un « american traffic », ça, ça passe pas.
² Il s’est hélas écrasé pendant le tournage à quelques kilomètres au nord de Medellín.