The autopsy of Jane Doe

d’André Øvredal, 2016, *

Vous le savez, j’aime pas les films d’hor­reur. Soit c’est nul et c’est nul, soit c’est réus­si et c’est désa­gréable, et dans tous les cas c’est rare­ment ori­gi­nal. Mais voi­là qu’on m’a conseillé celui-ci, et que je n’al­lais pas rater une occa­sion de rap­pe­ler ce man­tra du Comité anti-tra­duc­tions foi­reuses : « soit tu tra­duis, soit tu tra­duis pas, putain ». Me voi­là donc par­ti pour regar­der l’au­top­sie de Jane Doe, inex­pli­ca­ble­ment renom­mé « the Jane Doe iden­ti­ty » au pays de François Ier.

Est-ce réus­si ? Oh oui, sans doute. Il y a en tout cas quelques moments désa­gréables plu­tôt bien faits, sur­tout vers le tour­nant de la pre­mière demi-heure, quand tout com­mence à par­tir en couille et avant que ça devienne du grand nawak. La mise en place, pour pleine de cli­chés qu’elle soit, est plu­tôt bien faite, les acteurs font leur bou­lot, la pho­to est plu­tôt agréable et la com­plexion dia­phane d’Olwen Catherine Kelly colle bien à son rôle (elle joue un cadavre).

Alors, elle vient du nord, vers Salem, on lui a fait bouf­fer un suaire au 17è siècle, on l’a tailla­dée, on l’a brû­lée. Je vois vrai­ment pas ce qu’elle pour­rait être. — pho­to IM Global

Le sou­cis, c’est que la der­nière heure du film sombre dans l’ac­cu­mu­la­tion de faci­li­tés. Passons sur le fait que les cré­tins de héros mettent une heure à com­prendre ce qui est évident au bout de trente minutes — faites les comptes : une femme atta­chée, tor­tu­rée, sur qui on retrouve des étoffes anciennes et appa­rem­ment brû­lée vive, c’est, c’est, c’est ? Voilà, vous avez com­pris aus­si. Passons sur les inco­hé­rences de la rela­tion père-fils, où toutes les récri­mi­na­tions s’ou­blient en deux secondes. Passons sur le mon­tage exa­gé­ré­ment lan­guis­sant par moments, qui fait hélas par­tie des obli­ga­tions du genre.

On ne peut pas pas­ser sur l’ef­froyable manque d’o­ri­gi­na­li­té de ce truc. Et que je te fous des lumières qui cli­gnotent, et que je t’a­joute un ascen­seur qui tombe en panne et remarche sans rai­son pile au moment oppor­tun, et que voi­là un fan­tôme dans le miroir mais pas quand on regarde direc­te­ment, et que je joue avec ma son­nette pour ajou­ter du faux sus­pense… Toutes les recettes du genre sont prises, accom­mo­dées à l’en­vi­ron­ne­ment local et posées là, comme ça hop.

Vu que t’es la copine de mon fils-assis­tant et que tu devais pas­ser la nuit avec lui avant qu’on nous ramène un cadavre tout frais, je me demande à quoi tu sers. À moins qu’il t’ar­rive quelque chose dans une heure ? — pho­to Wild Bunch distribution

L’avantage, c’est que The autop­sy of Jane Doe est presque un docu­men­taire sur le film d’hor­reur : voyez celui-ci et vous aurez vu tous les autres. L’inconvénient, c’est que cette der­nière heure épou­van­ta­ble­ment pré­vi­sible, sans sur­prise, sans enjeu et donc sans sus­pense, détruit métho­di­que­ment ce que la pre­mière demi-heure pou­vait lais­ser entrevoir.

Je n’aime pas les films d’hor­reur, mais même si je les aimais, je crois que cette accu­mu­la­tion de pon­cifs du genre m’au­rait sérieu­se­ment ennuyé.