Remarques sur Senscritique
|Vous le savez peut-être, j’ai pour coutume de répercuter les critiques de films, séries et autres sur Senscritique, un site assez bien foutu, avec une interface agréable, moins bordélique qu’Allociné, et qui ne se limite pas aux films et séries — il s’étend aux bouquins, à la musique et pour ceux que ça botte aux jeux vidéo.
Un des trucs que j’appréciais chez Senscritique était que le site ne cherchait pas à s’accaparer le contenu créé par les utilisateurs : un champ « sur son blog » était présent lorsqu’on remplissait une critique. Outre l’aspect « on est pas rats, vous pouvez ramener les gens chez vous », ça avait un énorme intérêt ceux qui, comme moi, publient parfois des critiques extrêmement longues ou d’une élégance discutable : la version Senscritique était parfois plus courte et plus polie que celle publiée ici, et le lien permettait à ceux qui voulaient en savoir plus ou n’avaient pas peur des métaphores obscènes de venir consulter le texte original.
Il y a un ou deux ans, une nouvelle mouture avait supprimé ce champ, mais il était simultanément devenu possible d’ajouter des liens au sein du texte : ça demandait une manipulation de plus, mais c’était plus souple, donc pourquoi pas. À chaque critique, j’ajoutais donc un lien vers mon site et, dans le cas des textes expurgés ou modifiés, je pouvais préciser que la version originale était différente.
Mais là, je me suis aperçu d’un truc.
Les liens présents dans les anciennes critiques — ceux correspondant à feu le champ « sur son blog » — ont été supprimés.
Pis, je n’ai eu aucune réponse lorsque j’ai contacté les administrateurs à ce sujet.
Ça me pose un problème éthique : Senscritique décide unilatéralement que les règles du jeu changent. Nous pouvions leur fournir du contenu en échange d’un peu de trafic chez nous ; puis, sans même nous prévenir, ils décident de prendre le contenu sans contrepartie. Au lieu d’un lien vers mon site sur chaque publication, il ne reste plus que celui de mon profil. Imaginez un employeur qui vous dirait « tu bosses et je te paie » puis qui vous laisserait découvrir par vous-mêmes que, deux ans plus tard, il a annulé tous les virements qu’il vous avait faits : vous apprécieriez ?
Mais dans mon cas, puisque j’utilisais ces liens pour optimiser la lecture, ça n’a pas que des effets de gestion du trafic.
Prenons l’exemple d’Avatar : j’ai fait deux billets sur ce film (un pour chaque édition). Le premier est, avec ses 13 600 signes (environ six pages de magazine), toujours le plus long posté sur ce site ; le second, avec 4 850 signes (une page double, en gros), est plus lisible tout en reprenant l’essentiel. Sur Senscritique, j’avais donc posté le second, mais avec le lien pointant vers le premier.
C’est ce lien qui a été supprimé.
Ce lien, qui permettait à ceux qui voulaient comprendre réellement ce que j’écrivais de voir l’interminable premier papier sur le sujet.
La suppression de ce lien n’est donc pas qu’une impolitesse technique et une appropriation du contenu d’autrui (initialement mis à disposition en contrepartie de ce lien). Ici, c’est également une destruction sémantique.
J’ai donc pris une décision simple : je ne publierai plus de critiques intégrales sur Senscritique. Le premier exemple vient de tomber, c’est The OA : ici, le texte complet (2800 signes, une page de magazine un peu tassée), là-bas, un extrait et un lien intitulé « version intégrale ».
C’est fort dommage, mais c’est ce qui arrive quand on supprime unilatéralement un élément sur lequel on avait bâti une certaine confiance.