Fear the walking dead
|de Dave Erickson et Robert Kirkman, depuis 2015, **
C’est là que je me rends compte que je n’ai jamais critiqué The walking dead, bien que j’y aie fait référence à plusieurs reprises. Donc, je vais commencer avec la série dérivée, ça sera bien aussi cohérent que leurs scénarios.
Fear the walking dead commence sur la côte ouest. Les personnages ? Un couple moderne avec trois enfants dont un junkie et un ado en crise, des immigrés sud-américains avec un père ténébreux et une fille gentiment bonnasse, un black sophistiqué qui voyage en yacht — et le yacht, c’est vachement bien, parce que les zombies savent toujours pas nager correctement. La mise en place ressemble à une version hype des débuts de The walking dead, puis on part en mer et ça décolle enfin : la première saison est un huis-clos paranoïaque, où personne ne fait confiance à personne. Tournant beaucoup plus sur les tensions au sein du groupe que sur la lutte contre les zombies, elle fonctionne à l’ambiance et présente d’entrée l’homme comme un danger permanent.
La saison 2, qui vient de s’achever, part un peu en couille pour être honnête. L’éclatement du groupe est un peu artificiel et si l’on sent que les scénaristes ont voulu la jouer fine en poursuivant l’évolution de Chris, son basculement est en fait sur-annoncé et finalement peu intéressant. Et sorti de cela, en séparant les protagonistes et, pire encore, en réconciliant Madison et Victor, les auteurs ont éliminé les éléments de tension et transformé cette seconde partie en ersatz maladroit de la série maîtresse — trouver un lieu sûr, éviter les zombies, éviter les humains et se planquer derrière les zombies pour éviter les humains. L’hôtel de luxe remplace la ferme des Greene et la colonie succède à l’hôpital, mais les recettes fondamentales rappellent les saisons 2 et 4 de The walking dead et les enjeux sont dramatiquement édulcorés par l’apaisement des tensions.
Un seul élément surnage tant bien que mal : Nick. Seul personnage intéressant de l’équipe, le petit junkie inadapté social prend une autre dimension lorsqu’il s’avère que n’avoir rien à foutre de rien et ne posséder qu’un sens moral limité font de lui l’être le mieux adapté au monde nouveau — et que ses connaissances dans l’art de couper la dope sont un atout précieux dans les négociations.
Dans l’ensemble donc, les scénaristes n’ont pas réussi à faire prendre corps à leurs personnages, et moins encore dans les derniers épisodes. Du coup, lorsqu’ils tuent des héros (un grand classique qui rythme efficacement la série d’origine), on s’en fout quand même un peu — on reste très, très loin des coups de grâce absurdes de la saison 4 de The walking dead ou de la saison 3 de Orange is the new black.
L’ensemble se laisse tout de même regarder : les recettes classiques sont utilisées efficacement. C’est juste que quand votre pâtissier, qui vous a habitués à des opéras et à des royaux, vous sert un bête pain au chocolat, vous avez du mal à trouver ça tout à fait satisfaisant.