L’âge de glace : les lois de l’univers
|de Mike Thurmeler et Galen T. Chu, 2016, *
Vous vous souvenez de mon introduction sur Le temps des dinosaures, troisième volet de la série ? J’y disais que la grande force des auteurs successifs avait été de réinventer leur œuvre à chaque étape, aussi bien sur le plan environnemental (de la glaciation à la forêt en passant par la débâcle) que sur le plan thématique (d’une histoire kiplinguienne sur l’honneur et la compassion à la construction romantique et la vieillesse, en passant par une quête identitaire en plein exil), et cela tout en multipliant les niveaux de lecture pour laisser chaque spectateur y trouver sa sauce. Du coup, vous vous souvenez que La dérive des continents, enfilant les clichés, imposant sans finesse sa crise d’adolescence et ses métaphores familiales, m’avait franchement déçu.
Et bien là, on creuse.
Je vais juste dire un truc et j’aurai tout dit : même Scrat a maintenant des gags ratés. Évidemment, il lui reste une ou deux scènes vraiment tordantes (l’erreur de réglage de gravité, qui le fait écraser par son gland dans un vibrant hommage à Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, est une vraie réussite), mais il y a des moments où on le voit faire des trucs en se disant « ah, encore ?… » Le reste est également très fort en gags qui tombent à plat et en symbolique oiseuse : la relation entre Manny et son gendre est à elle seule un monument de clichés à la fois nazes et éculés, et seules les réminiscences et clins d’œil à d’autres films méritent encore le détour.
Mais la vraie, dramatique faiblesse de ce cinquième opus, c’est d’avoir voulu caser tout le monde. Au fil de leurs aventures, Manny, Diego et Sid ont rencontré plein de déjantés variés ; plutôt que de sélectionner une poignée de personnages (ou de se contenter des nouveaux) et de faire une histoire autour, les auteurs se sont sentis obligés de reprendre absolument tout le monde — il manque bien le bébé du premier épisode, mais à part lui je crois que personne ne manque à l’appel. Du coup, chacun devant faire son numéro régulièrement, l’ensemble est épouvantablement décousu, enchaînant les gags hors sujet juste pour placer Untel ou Telautre.
Évidemment, on n’était que six dans la salle, et personne n’avait d’enfant. Mais en cinq volumes, c’est la première fois que je n’entends qu’un ou deux rires discrets pendant le film.
Faut dire que c’est la première fois que je n’ai pas un vrai fou rire de tout le film.