Bienvenue à Marly-Gomont
|de Julien Rambaldi, 2015, ****
Tous les films n’ont pas un scénario original. Ça ne date pas d’hier : après tout, le premier film de science-fiction était un mélange de romans de Verne et Wells. Depuis, on a vu apparaître des films inspirés d’histoires vraies, des films adaptés de pièces de théâtre, des films issus de feuilletons radiophoniques, des films issus de séries télévisées, des films dérivés de jeux vidéo, des films basés sur des films, et une liste interminable de films adaptés de bandes dessinées. Malgré tout, je ne sais pourquoi, je n’avais à ce jour jamais vu de film basé sur une chanson.
Ceci dit, l’angle a été sérieusement révisé : plutôt que l’histoire comique de Kamini grandissant dans un bled que personne connaît, même pas Jean-Pierre Pernaut, c’est celle de son père qui est contée. Seyolo, médecin zaïrois récemment diplômé en France, accepte un poste dans un gros village (500 habitants tout de même) : lutter contre le désert rural, un bon moyen de prolonger son titre de séjour et de rester en France.
Bien sûr, les autochtones n’ont jamais vu de Noir, le cabinet médical désert depuis deux ans a du mal à drainer des patients qui ont pris l’habitude d’aller au cabinet voisin (une quinzaine de bornes à peine), la femme de Seyolo a du mal à concilier ses rêves de France avec un bled paumé de l’Aisne, ses gosses se font insulter à l’école…
Le film est plus sérieux que la chanson, mais ça ne l’empêche pas d’être franchement drôle par moments : il est en fait plus grinçant que tragique. La galerie de portraits, un peu lourde au début (l’accumulation de clichés manque parfois de finesse), s’allège une fois la mise en place effectuée et les deux derniers tiers trouvent un bon rythme.
Révolutionnaire ? Non. C’est une petite tragi-comédie très sage, très morale, assez prévisible au fond.
Mais c’est une petite tragi-comédie pas si bête, qui tourne dans l’ensemble très bien et permet de passer un bon moment.