X‑Men : Days of future past

de Bryan Singer, ****, 2014

Après trois épi­sodes assez basiques, la série X‑men est reve­nue aux sources en s’ins­cri­vant dans l’Histoire. Wolverine nous racon­tait les guerres modernes, de celle de Sécession à celle du Vietnam, Le com­bat de l’im­mor­tel était moderne mais com­men­çait par la fin de la Seconde Guerre mon­diale, Le com­men­ce­ment revi­si­tait les années 50 et 60 et exa­mi­nait en détails la crise des mis­siles cubains. Au pas­sage, un vrai effort a été fait pour sor­tir de la simple ques­tion des super-pou­voirs et du conflit entre X‑men qui veulent s’in­té­grer et X‑men qui veulent domi­ner le monde, et creu­ser un peu les sujets : racisme, his­toire et psy­cho­lo­gie des per­son­nages y ont gagné.

Avec le retour aux manettes de Bryan Singer, qui avait pon­du les deux pre­miers avant de par­tir se perdre ailleurs (Walkyrie, le film qu’il est plat), on devait voir ce qu’on allait voir : le père de Usual sus­pects retrou­vait son bébé, déve­lop­pé et creu­sé par des auteurs plus psy­cho­logues et his­to­riens, et allait y appor­ter sa vir­tuo­si­té nar­ra­tive pour réus­sir la syn­thèse de tout ce qu’il y a eu de bien dans les pré­cé­dents volets.

Et là, ben… Ça tient plu­tôt bien ses pro­messes. Le mon­tage et la réa­li­sa­tion sont évi­dem­ment très réus­sis, les acteurs sont glo­ba­le­ment excel­lents — faut dire qu’il com­mence à y avoir un sacré cas­ting… — et je mets un petit bonus pour la « culture de l’i­mage » dont les auteurs font preuve, adap­tant le registre gra­phique et le for­mat de l’i­mage au thème du moment (notam­ment pour les repor­tages et pho­tos d’é­poque). On n’é­chappe évi­dem­ment pas à quelques ana­chro­nismes, le plus beau étant l’u­ti­li­sa­tion d’un Boeing 747 à pont supé­rieur allon­gé appa­ru en 1980 — d’autres que moi ont remar­qué des écou­teurs de bala­deur qui col­laient pas non plus — mais glo­ba­le­ment, ça passe pas trop mal.

L’histoire elle-même est un peu bor­dé­lique et n’es­saie même pas de réunir les pré­cé­dents X‑men de Singer et les élé­ments intro­duits dans Le com­men­ce­ment. De toute manière, les maniaques de la série sont habi­tués à gérer des réa­li­tés alter­na­tives, et cette fois-ci c’est car­ré­ment qua­rante ans d’his­toire qui sont pure­ment et sim­ple­ment effa­cés — ça per­met­tra aux pro­chains opus d’é­crire à peu près ce qu’ils vou­dront. Mais c’est assez fas­ci­nant de voir Logan retour­ner dans le pas­sé et décou­vrir l’u­ni­vers qu’il avait fui puis retrou­vé, et de voir évo­luer les rela­tions entre Charles et Erik bien sûr. Évidemment, les ama­teurs de psy­cho­lo­gie creu­sée diront que c’est trop simple, qu’ils se laissent convaincre trop faci­le­ment et que Singer semble plus pres­sé de jouer avec ses camé­ras (des Arri Alexa mon­tées par paires pour fil­mer en sté­réo­sco­pie) que de creu­ser ses per­son­nages ; mais soyons pas trop méchants, ça reste assez prenant.

L’ensemble est donc loin d’être inat­ta­quable, mais c’est fran­che­ment bon, agréable à regar­der, ryth­mé, amu­sant et pas si bête que ça.