De l’eau pour les éléphants

de Francis Lawrence, 2011, ****

Le cirque n’est pas un uni­vers très cou­rant dans le cinoche, mais il a four­ni quelques œuvres mar­quantes : Le cirque de Chaplin ou Itinéraire d’un enfant gâté de Lelouch, notam­ment. Dans un cas, le cirque était au centre de l’his­toire ; dans l’autre, il n’é­tait qu’une annexe pour appro­fon­dir le per­son­nage principal.

Ici, on est un peu entre les deux, tout en res­tant plus proche de Chaplin… mais en ver­sion mélo­dra­ma­tique plu­tôt que comique.

C’est bien fil­mé, rela­ti­ve­ment bien joué (même si bon, Pattinson reste un peu croi­sé huître, et ne sera pas l’ob­jet d’une révé­la­tion comme Kristen Stewart dans Les Runaways et Anna Kendrick dans In the air)… Les scènes de cirque sont par­ti­cu­liè­re­ment bien fichues, avec des petits détails de numé­ros bien vus, une plon­gée claire dans l’u­ni­vers de la grande dépres­sion post-1929, et quelques pas­sages emblé­ma­tiques sur le côté « merde, le numé­ro est foi­ré, faut que ça ait l’air normal ».

Ça n’est pas pour­tant exempt de fai­blesses. La pre­mière, c’est la pré­sen­ta­tion d’August, direc­teur du cirque. Méchant sadique offi­ciel, ce n’est qu’a­près l’a­voir dési­gné ain­si qu’on s’in­té­resse un peu plus à son his­toire ; il eût été lar­ge­ment pré­fé­rable de le pré­sen­ter d’emblée comme un per­son­nage ambi­gu… C’est d’ailleurs dans l’en­semble une his­toire très mani­chéenne, qui aurait gagné à plus de zones grises. La seconde, c’est une scène d’hô­tel tota­le­ment hors de pro­pos, emblé­ma­tique d’une rela­tion sen­ti­men­tale dont le scé­na­riste a fait le centre de l’his­toire mais dont on a l’im­pres­sion qu’il ne sait pas vrai­ment lui-même qu’en faire. La troi­sième, c’est un hap­py end hol­ly­woo­dien assez niaiseux.

Mais dans l’en­semble, c’est dis­trayant, par­fois drôle, sou­vent émou­vant et très inté­res­sant, donc ça vaut le coup d’al­ler le voir.

PS : un truc sur­pre­nant quand même : les parents de Jacob Jankowski est fils d’im­mi­grants polo­nais. Je suis très éton­né, dès lors, qu’il pro­nonce son nom à l’an­glaise (/dÊ’akÉ”b/) et non à la polo­naise (/jakÉ”b/), alors même qu’on le voit à plu­sieurs reprises par­ler polonais…