Glitch
|de Tony Ayres et Louise Fox, depuis 2015, ***
Lorsqu’un cadavre est enterré, normalement, il reste sous terre. Il y pourrit lentement, les vers le transforment en nourriture à plantes, et puis il finit par disparaître totalement et libérer une place dans le cimetière.
À Yoorana, dans le sud de l’Australie, sept personnes ont libéré leur tombe de manière un peu plus originale : elles ont creusé jusqu’à la surface et ont erré, hagardes, jusqu’à ce qu’un flic et une doctoresse locale les récupèrent. Petite surprise : les sept ex-cadavres sont en parfaite santé, la femme du flic morte d’un cancer ayant même retrouvé ses seins.
Non, ça n’a rien à voir avec La nuit des morts-vivants, The walking dead, Zombieland ou même Celle qui a tous les dons. Les morts-vivants sont ici bien vivants, après deux ans à deux siècles passés sous terre, et reviennent avec toute la vigueur de leur âge. La série tourne donc autour de deux ressorts principaux : d’une part, les zones d’ombre entourant leurs morts (celle-ci a été assassinée, celui-là était au front, pourquoi l’autre n’a-t-il aucun souvenir ?) et d’autre part, l’impact de leur retour, de l’enquête secrète sur pourquoi et comment à la confrontation entre la dernière morte, son veuf et la nouvelle femme de celui-ci…
Un peu de comédie, une bonne dose de thriller, une touche de fantastique et de science-fiction, ce qu’il faut d’Histoire, de politique et de considérations humanistes — le retour d’un colon des années 1800 dans une Australie où les Aborigènes ont le droit de vote, c’est forcément un choc pour tout le monde… Et aussi des acteurs corrects, des petits détails sympa, une écriture soignée et un rythme un peu lent mais maîtrisé : sur le papier, il y a tout ce qu’il faut pour une série réussie.
Le petit soucis, c’est qu’après une excellente mise en jambes, les auteurs s’emberlificotent un peu les crayons. D’une part, certains ressorts sont trop réutilisés, en particulier la capacité de Paddy à escroquer son petit monde et les errances sentimentales des couples principaux. D’autre part, il y a ce choix facile, omniprésent dans les séries de SF actuelles, de la vilaine grande entreprise aux lourds secrets, tellement éculé qu’il faut la plus grande maîtrise pour avoir encore le droit de s’en servir. Or, ici, on est plus près de la vilaine corporation de Helix ou de Mr Robot que de la mystérieuse banque qui peut faire et défaire des gouvernements dans Game of thrones. Du coup, la deuxième saison donne un peu le sentiment de tourner en rond, la seule nouveauté intéressante étant l’arrivée du taulard tatoué.
Il y a un certain potentiel et si les scénaristes resserrent un peu les boulons, la fin de la deuxième saison pourrait ouvrir sur une troisième intéressante. Mais pour l’instant, c’est surtout une petite série sympathique, mais ordinaire, dont l’ouverture laissait espérer mieux.
Ah si, un bon point tout de même : dans Glitch, les femmes ont des seins, que l’on voit lorsqu’il est logique qu’on les voie et qui sont couverts lorsqu’il est logique qu’ils le soient. Ça change agréablement des séries qui les utilisent comme décoration gratuite dans des scènes où ils n’ont pas de raison d’être, comme de celles qui déploient des trésors d’ingéniosité pour les masquer quand l’héroïne sort de la douche.