Fast & furious 8
|de F. Gary Gray, 2017, ***
Il y avait longtemps que je n’avais pas croisé le petit Gray, qui nous avait pondu Négociateur, un thriller classique mais très honnête porté par Samuel Jackson et Kevin Spacey en grande forme, et Braquage à l’italienne, une comédie policière plutôt réussie qui surfait sur les recettes de Ocean’s eleven. Sur le papier, c’était donc le candidat idéal à la reprise de Fast and furious, après l’extraordinaire naufrage que fut le septième opus : un réalisateur pas très imaginatif, mais tout à fait capable de faire une comédie d’action musclée et doué pour reprendre des recettes connues.
Sans surprise, le résultat est bien meilleur que la livraison précédente. Bon, il reste une faiblesse : Vin joue toujours aussi monolithiquement. Vu que le scénario voit Dom tiraillé entre sa petite mafia et le devoir, ça se voit encore plus que d’habitude.
Parce que oui, il y a un semblant de scénario, et même de message : le mot « famille » doit être répété à peu près trois cents fois, autant que « trahison ». Rassurez-vous, ça reste un Fast and furious et vous ne risquez pas un claquage de neurone, mais Chris Morgan, qui a écrit tous les opus depuis l’oubliable Tokyo drift, a fait un effort pour qu’on sorte en ayant la vague impression d’avoir vu passer un synopsis. Mais la vraie bonne nouvelle, c’est qu’il accepte de se moquer de ses propres conneries d’il y a deux ans : si Nathalie Emmanuel est toujours là, les vannes qui visent son physique sont désormais accueillies d’un regard noir ou d’une réplique cinglante, et son rôle ne se résume plus à sortir de l’eau en bikini.
F. Gary Gray n’a pour sa part évidemment aucune difficulté à faire oublier James Wan : les scènes d’action sont lisibles, tout en gardant certaines fulgurances et quelques angles efficaces. Plutôt que de tout miser sur le muscle, on met un peu en avant l’agilité étonnante de Jason Statham : ancien plongeur de haut vol, il a gardé quelques notions de gymnastique qui changent de la pesanteur de ses collègues. Bien entendu, les invraisemblances sont légion (la plus grosse : quand un pneu patine, inutile d’augmenter la puissance, ça n’améliorera pas la motricité) et le finale est trop long (sans parler de la niaiserie de l’épilogue), mais l’ensemble se regarde sans déplaisir quand on apprécie le genre.
Admirable ? Non, bien entendu. Toujours un peu lourd, toujours vaguement sexiste, et toujours mené par un des rares acteurs à qui Brendan Fraser pourrait donner des cours. Mais efficace, distrayant, comique et spectaculaire. Ça n’a aucun impact sur le cerveau, mais c’est un spectacle de cirque parfaitement rodé.
Ah, et pour ceux qui étaient déçus la dernière fois : ça y est, on a trouvé un véhicule plus gros qu’un Antonov 124 à casser.