La belle et la bête
|de Bill Condon, 2017, **
Choper une meuf en quatre étapes :
- le syndrome de Stockholm : enlève le père, propose à la meuf de prendre sa place, libère le père ; enferme-la dans un cachot, autorise-la à sortir pour manger, puis donne-lui une chambre ;
- le complexe de l’infirmière : sois blessé, de préférences par des animaux effrayants (loup y es-tu ?), et donne-lui l’occasion de changer tes pansements ;
- les petites attentions : offre-lui des livres ou apprends la valse ;
- la victimisation : montre-lui que les gens ils sont méchants avec toi.
Voilà, si ça ne marche pas (ou si tu te fais arrêter par les flics à la première étape), les réclamations sont à adresser à Disney.
J’avais jamais vu La belle et la bête – ni le dessin animé, ni le film de Cocteau, ni les autres adaptations directes. Ce que je me suis farci de plus proche, c’était le Sortilège de Barnz, qui m’en avait touché une sans faire bouger l’autre. Du coup, contrairement à Cendrillon et Le livre de la jungle, je ne sais pas dans quelle mesure il a ou non été retouché (apparemment, Lefou est moins gay dans la version d’origine, mais ça reste soft et faut vraiment avoir un cierge coincé dans le cul pour être choqué).
En tant que film autonome, donc, La belle et la bête est pas foncièrement mauvais. Il pèche par des chansons assez niaises et franchement longuettes, des rebondissements téléphonés et une morale extrêmement douteuse (à aucun moment qui que ce soit ne semble dérangé par le fait que, putain, il l’a séquestrée, merde !), mais il tourne plutôt bien, Emma maîtrise presque ses tressautements de sourcils, Dan s’en sort pas trop mal et Luke est fat à souhait. Et puis, la partie graphique est extrêmement soignée (malgré des choix de pastels un peu sirupeux, notamment côté robes) et l’animation des couverts et meubles est franchement réussie.
Personnellement, je n’emmènerais pas mes gosses voir ce truc, à moins d’avoir l’intention de les vendre au plus offrant et de vouloir les préparer à l’idée ; mais il faut admettre que, sans être bouleversant, le film est assez entraînant pour se voir agréablement.