La belle et la bête

de Bill Condon, 2017, **

Choper une meuf en quatre étapes :

  1. le syn­drome de Stockholm : enlève le père, pro­pose à la meuf de prendre sa place, libère le père ; enferme-la dans un cachot, auto­rise-la à sor­tir pour man­ger, puis donne-lui une chambre ;
  2. le com­plexe de l’in­fir­mière : sois bles­sé, de pré­fé­rences par des ani­maux effrayants (loup y es-tu ?), et donne-lui l’oc­ca­sion de chan­ger tes pansements ;
  3. les petites atten­tions : offre-lui des livres ou apprends la valse ;
  4. la vic­ti­mi­sa­tion : montre-lui que les gens ils sont méchants avec toi.

Voilà, si ça ne marche pas (ou si tu te fais arrê­ter par les flics à la pre­mière étape), les récla­ma­tions sont à adres­ser à Disney.

La pre­mière par­tie du film, c’est plu­tôt la belle et le bête. — pho­to Walt Disney Pictures

J’avais jamais vu La belle et la bête – ni le des­sin ani­mé, ni le film de Cocteau, ni les autres adap­ta­tions directes. Ce que je me suis far­ci de plus proche, c’é­tait le Sortilège de Barnz, qui m’en avait tou­ché une sans faire bou­ger l’autre. Du coup, contrai­re­ment à Cendrillon et Le livre de la jungle, je ne sais pas dans quelle mesure il a ou non été retou­ché (appa­rem­ment, Lefou est moins gay dans la ver­sion d’o­ri­gine, mais ça reste soft et faut vrai­ment avoir un cierge coin­cé dans le cul pour être choqué).

En tant que film auto­nome, donc, La belle et la bête est pas fon­ciè­re­ment mau­vais. Il pèche par des chan­sons assez niaises et fran­che­ment lon­guettes, des rebon­dis­se­ments télé­pho­nés et une morale extrê­me­ment dou­teuse (à aucun moment qui que ce soit ne semble déran­gé par le fait que, putain, il l’a séques­trée, merde !), mais il tourne plu­tôt bien, Emma maî­trise presque ses tres­sau­te­ments de sour­cils, Dan s’en sort pas trop mal et Luke est fat à sou­hait. Et puis, la par­tie gra­phique est extrê­me­ment soi­gnée (mal­gré des choix de pas­tels un peu siru­peux, notam­ment côté robes) et l’a­ni­ma­tion des cou­verts et meubles est fran­che­ment réussie.

Personnellement, je n’emmènerais pas mes gosses voir ce truc, à moins d’a­voir l’in­ten­tion de les vendre au plus offrant et de vou­loir les pré­pa­rer à l’i­dée ; mais il faut admettre que, sans être bou­le­ver­sant, le film est assez entraî­nant pour se voir agréablement.