Jessica Jones
|de Melissa Rosenberg, depuis 2015, ****
Il ne suffit pas d’avoir des super-pouvoirs pour être un super-héros. Jessica a une force surhumaine, une résistance exceptionnelle et une capacité à sauter comme une sauterelle ; mais tout ce qu’elle en fait, c’est grimper aux murs pour espionner les maris volages, réunir les preuves et les fournir à leurs épouses. Cela lui permet de nourrir sa misanthropie, de rester blasée, et de se payer suffisamment d’alcool pour tenter d’oublier ce putain d’Anglais qui l’a ensorcelée — assez littéralement : il a une super-conviction — jusqu’à ce qu’il finisse sous un bus.
L’univers Marvel est surtout connu pour ses super-héros en armure qui sauvent le monde de super-vilains futuristes, les Spider-Man, Iron Man, Capitaine America et autres agents du SHIELD. Mais ce monde est également parfois très proche du nôtre et n’est pas exempt de banlieues sordides, de citoyens délaissés et de junkies paumés. C’est dans cet envers de la médaille que vit Jessica, dont la porte ne peut être réparée que pour être à nouveau cassée dans les jours suivants, dont les voisins sont des beaufs ordinaires et un type sympa qui passe sa vie sous héroïne, et qui maîtrise tellement mal sa vie de détective privé qu’il lui arrive de coucher avec un client un soir de cuite.
Jessica Jones n’est pas une série policière, même si elle reprend les codes des films noirs des années 60. Ce n’est pas une série comique, même si les amateurs d’humour cynique et de vannes désabusées apprécieront. Ce n’est pas une série de super-héros, même si un super-solide, une super-forte et un super-convaincant sont au centre de l’histoire. Ça pioche à droite et à gauche, et c’est peut-être ce qui lui donne un bel équilibre, une variété de points de vue et finalement une force certaine.
Bon, ça n’est tout de même pas toujours un chef-d’œuvre. Certains rebondissements sont un peu téléphonés, certains acteurs sont assez inégaux, photo et réalisation sont sans histoire… Mais c’est une petite série plutôt triste, vive, bien menée, presque réaliste et franchement accrocheuse pour les amateurs des genres.