Expend4bles

de Scott Waugh, 2023, ***

Peut-on cri­ti­quer un scé­na­rio d’Expandables ?

Oui, bien sûr. Mais nor­ma­le­ment, c’est pas fait pour ça.

Le concept des Expendables, c’est de réunir un lot d’ac­teurs très mus­clés, de pré­fé­rence ayant mul­ti­plié les séries B d’ac­tion dans les années 80, et de faire un film d’ac­tion bour­rine sau­pou­drée de vannes faciles sur leur âge et de clins d’œil à leurs pires télé­films. Le scé­na­rio n’est là que pour faire tenir ensemble les diverses scènes de bas­ton ou de rigo­lade, un peu comme on met des châ­teaux et des musées sur l’i­ti­né­raire d’une sor­tie entre potes en sachant per­ti­nem­ment qu’on n’en a pas grand-chose à faire et que le but est sur­tout d’al­ler d’un apé­ro à l’autre en pro­fi­tant du voyage.

Mais le pro­blème de cer­taines vannes, c’est qu’elles cessent d’être drôles quand on s’en sert trop. Aussi, depuis le troi­sième épi­sode, on assiste à un virage : l’as­pect paro­dique glisse un peu, il passe sous le tapis, et on com­mence à trou­ver des scènes cen­sées être émou­vantes et de l’ac­tion sérieuse. Un peu comme s’il y avait eu un Hot shots 3 et qu’il avait déri­vé pour se rap­pro­cher de Top gun, au lieu de s’ar­rê­ter au bon moment.

Scène de crash de l'Antonov
Un Antonov plan­té, c’est tout un uni­vers qui bas­cule… — pho­to Lionsgate

Le qua­trième épi­sode est, comme le troi­sième, un peu le cul entre deux chaises. Il est paro­dique, mais sérieux. Sans pour autant que ce soit un mélange réus­si et élé­gant comme Piège de cris­tal. Une scène vague­ment sérieuse est réus­sie : celle du sacri­fice où l’Antonov 26 va régler défi­ni­ti­ve­ment un pro­blème. Bien enten­du, elle reprend mille scènes simi­laires dans cinq cents films d’ac­tion oubliables, mais elle fonc­tionne. Les autres tombent sou­vent à plat, les per­son­nages n’é­tant pas faits pour ça et ne s’y prê­tant guère.

Côté vannes, on renou­velle à peine la sauce. Lundgren sert tou­jours aus­si bien son rôle d’in­tel­lo de ser­vice, Stallone a la bonne idée de s’ab­sen­ter au bout de vingt minutes, Statham reprend les rênes avec suc­cès, mais les seconds rôles sont lar­ge­ment oubliables et inter­chan­geables, ce qui ruine un peu l’as­pect « bande de potes » des pre­miers épisodes.

Decha, nouveau personnage de Tony Jaa
Ah si moi j’ai un vrai rôle, et je paro­die bien les com­bat­tants retrai­tés mais entraî­nés dans l’ac­tion. Mais je suis peut-être pas arri­vé au bon moment… — pho­to Lionsgate

Du coup, Expend4bles repose essen­tiel­le­ment sur des fon­da­tions de film d’ac­tion. Et à ce titre, il tourne comme une hor­loge, avec de la bas­ton qui bas­tonne, des rebon­dis­se­ments arti­fi­ciels, et évi­dem­ment un finale explo­sif et spec­ta­cu­laire, quoi­qu’un poil long.

Mais celui-ci se ter­mine sur une séquence fran­che­ment ratée, avec le rebon­dis­se­ment de trop, qui vient de trop loin, qui tombe comme un deus ex machi­na pour sau­ver la situa­tion, et qui ruine rétros­pec­ti­ve­ment la bonne séquence de la pre­mière demi-heure.

Le résul­tat est donc, plu­tôt qu’une paro­die fen­darde de série B comme les pre­miers Expendables, une authen­tique série B d’ac­tion, entraî­nante, dis­trayante, mais man­quant de matière et de cohérence.