Terminator : dark fate

de Tim Miller, 2019, ***

Le 29 août 1997 n’a pas eu lieu. Enfin, je veux dire, il a eu lieu, évi­dem­ment (je me sou­viens bien, ce jour-là il fai­sait 23°C, plu­tôt beau mal­gré quelques pas­sages de cumu­lus, du coup j’ai pas­sé l’a­près-midi à la pis­cine en atten­dant que ma mère rentre du bou­lot pour aller faire quelques tra­vaux dans la ruine que les parents venaient d’a­che­ter). Mais le 29 août 1997, Skynet n’a pas réagi un peu bru­ta­le­ment quand les humains ont vou­lu le débran­cher, pour l’ex­cel­lente rai­son que Skynet n’a pas été créé, parce que Sarah Connor et sa bande ont réus­si à empê­cher la répli­ca­tion de la puce de l’oncle Bob. Ils pro­fitent donc du bon temps dans un monde qui n’est pas voué à une apo­ca­lypse nucléaire, avec juste deux-trois petits incon­vé­nients : on n’est pas dans Retour vers le futur et les ter­mi­na­tors que Skynet a envoyés entre 1995 et son-2029-qui-n’exis­te­ra-pas n’ont pas spon­ta­né­ment dis­pa­ru. Du coup, ils conti­nuent à vou­loir buter John Connor. Et y’en a même un qui y parvient.

QUI a dit que j’é­tais mar­gi­nale ? — pho­to Skydance/Paramount Pictures

Nous sommes en 2019. Sarah est tou­jours un peu mar­gi­nale, tou­jours carac­té­rielle, tou­jours guer­rière farouche. De temps en temps, elle reçoit un SMS qui lui dit d’al­ler çà ou là et, inva­ria­ble­ment, un ter­mi­na­tor arrive dans la fou­lée à cet endroit. Ça lui per­met de se pas­ser les nerfs en ven­geant son fils. Mais le der­nier ter­mi­na­tor arri­vé n’est pas comme les autres. Ce n’est pas un cyborg comme les T‑800 modèle 101, ni un bloc pro­téi­forme comme les T‑1000. Et sur­tout, il n’est plus à la recherche de John Connor mais de Dani Ramos, une ouvrière mexi­caine. Et comme Sarah n’est sans doute pas une pro­tec­tion suf­fi­sante (après tout, elle a juste gagné deux films), la résis­tance humaine a une nou­velle fois envoyé un garde du corps, en l’oc­cur­rence Grace, une sol­date amé­lio­rée qui court vite, tape fort, résiste aux chocs, tout ça.

Voilà donc la fra­gile Dani entou­rée de deux bad-ass, à la recherche du type qui envoie les SMS en fuyant un nou­veau ter­mi­na­tor aux capa­ci­tés incon­nues. Je me demande bien com­ment ça pour­rait finir.

Choupette, t’es gen­tille : moi Kyle, toi Sarah, tu restes der­rière. — pho­to Kerry Brown pour Skydance/Paramount Pictures

Après le film noir et le pur film d’ac­tion, nous voi­ci face à un nou­veau com­bo : Terminator : dark fate est un gros road-movie entre filles, évi­dem­ment mâti­né de scènes d’ac­tion spec­ta­cu­laires, d’ex­plo­sions mul­tiples et de décors indus­triels. Parce que si James a lais­sé la réa­li­sa­tion, il a repris l’é­cri­ture et la pro­duc­tion, ce qui lui a per­mis d’une part de glis­ser dans le scé­na­rio tous ses tics habi­tuels (bons et moins bons) et d’autre part de gérer lui-même le bud­get effets spéciaux/boules de feu/images de synthèse.

Je me demande si le scé­na­riste a pas un peu trop regar­dé en arrière… — pho­to Skydance/Paramount Pictures

Donc, on a l’é­vo­lu­tion de Dani qui repro­duit celle de Sarah dans Terminator, les dis­cours de Carl qui pro­longent ceux d’oncle Bob dans Terminator 2 : le juge­ment der­nier, le carac­tère de Sarah qui copie Sarah dans Terminator 2 : le juge­ment der­nier, le per­son­nage de Grace qui repro­duit celui de Kyle dans Terminator. Et toutes les démons­tra­tions d’ef­fets spé­ciaux lors de scènes d’ac­tion ultra-spec­ta­cu­laires mais par­fois un peu longues de Terminator 2, avec un McDonnell Douglas Extender dans le rôle de l’in­con­tour­nable camion-citerne.

Ah non, moi j’ai regar­dé vers l’a­vant, père de famille, tout ça. — pho­to Skydance/Paramount Pictures

On va pas se men­tir : c’est super effi­cace. C’est entraî­nant, dis­trayant, le fan ser­vice est par­fai­te­ment assu­ré et ça fait plai­sir de retrou­ver Arnold et Linda. Il y a aus­si une ou deux piques agréables à entendre, comme le « ils n’ap­prennent donc jamais ? » lors­qu’on s’a­per­çoit qu’a­près avoir évi­té le 29 août 1997, les humains se sont empres­sés de repro­duire la même erreur. Oh, et puis la petite dose d’hu­mour qui joue sur l’i­mage des per­son­nages fonc­tionne bien, elle aus­si — je vous laisse décou­vrir l’ac­ti­vi­té pro­fes­sion­nelle de Carl.

Mais on ne peut, à la fin du film, igno­rer cette vague impres­sion de l’a­voir déjà vu. Peut-être même plu­sieurs fois.