Terminator 2 : le jugement dernier
|de James Cameron, 1991, ***
Vous vous souvenez de Terminator, le « vrai » premier film de James Cameron1 ? Eh bien, voilà : sept ans ont passé. Après ce premier succès inattendu, James a pondu Aliens, massivement récompensé en médailles et en dollars, puis Abyss, aux critiques plus mitigées mais bien accueilli en salles. Ce faisant, il a décroché deux Oscars pour les effets visuels et s’est fait une réputation de réalisateur rentable. Cela lui permet de revenir à son premier robot, avec un chèque en blanc ou presque pour construire toutes les marionnettes et créer toutes les images de synthèse qu’il veut.
John Connor, fils de Sarah, a donc dix ans. Il traîne de famille d’accueil en famille d’accueil : sa mère a tenté de détruire une usine, puis a justifié son geste en expliquant que cette entreprise allait créer une intelligence artificielle qui enverrait des robots du futur la tuer dix ans plus tôt, ce qui lui a curieusement valu un aller simple pour l’hôpital psychiatrique le plus proche. Il se trouve qu’elle n’est pas schizophrène paranoïaque, ou du moins que les schizophrènes paranoïaques n’imaginent pas toujours tout : Skynet vient justement d’envoyer un robot, cette fois pour tuer John. Et comme il faut un héros, dans le futur, John-le-Vieux a reprogrammé un robot et l’a envoyé pour sauver John-le-Jeune.
Autant le premier Terminator était un vrai thriller, empruntant beaucoup au film noir, autant le second est un pur film d’action de science-fiction. Sarah a fini sa mue : guerrière farouche elle est, guerrière farouche elle reste, de ses heures de musculation en chambre capitonnée à son départ en mission pour arrêter l’Apocalypse. John est un gamin éduqué pour résister, et il résiste à ses familles d’accueil, à ses protecteurs, à sa mère, bref, il reste lui-même. Celui qui change, c’est l’oncle Bob, le modèle 101 envoyé par John-le-Vieux, à qui John-le-Jeune décide de donner un comportement un peu plus humain en lui apprenant à sourire et à dire des trucs cool comme « hasta la vista, baby ». Mais vu que d’abord c’est un robot, et qu’ensuite il est joué par Arnold Schwarzenegger, l’évolution demeure très superficielle et c’est cette fois pas sur les personnages que le film compte pour séduire.
En revanche, comme le budget permet de faire plein de choses spectaculaires, il mise à fond sur les courses-poursuites, les bastons et les effets spéciaux. La fluidité de ceux-ci est impressionnante : en sept ans, on est passé des mouvements légèrement saccadés d’un squelette articulé à des transformations de main en sabre, de flic en héroïne, de carrelage en bonhomme complet, sans le moindre à‑coup et avec un naturel encore bluffant 27 ans plus tard. James Cameron a remporté son troisième Oscar des effets visuels en trois films ; j’ai envie de dire « évidemment », tellement il est clair avec un peu de recul qu’il a alors écrasé tout ce que les autres créateurs d’animatroniques et d’images de synthèse savaient faire à l’époque.
En revanche, soyons honnêtes : il en fait parfois un peu trop, et certaines séquences traînent légèrement en longueur, comme si le producteur/réalisateur/scénariste s’était dit « bon, puisque j’ai le budget, je peux faire deux minutes de course-poursuite de plus ».
Le résultat est un film bien plus « grand public » que le premier, un vrai divertissement à grand spectacle à voir avec un seau de pop-corn. Superbement foutu sur le plan technique, il est aussi un peu moins maîtrisé côté rythme et surtout sensiblement plus léger sur le plan des personnages.