Glass

de M. Night Shyamalan, 2019, ***

Il y a une chose qu’on ne peut pas repro­cher à Shyamalan : il ne manque pas de suite dans les idées. Bien sûr, parce qu’il passe son temps à refaire sen­si­ble­ment le même film avec sen­si­ble­ment les mêmes recettes : depuis Sixième sens, il fait essen­tiel­le­ment des thril­lers psy­cho­lo­giques sur un tem­po len­to à ada­gio, démar­rant dans un uni­vers à peu près nor­mal, avec un bout de mys­tère qui déraille peu à peu vers le fan­tas­tique avant un retour­ne­ment final.

Alors David, tou­jours incas­sable ? — pho­to Jessica Kourkounis pour Universal Pictures

Mais Shyamalan a aus­si de la suite dans les idées lorsque, presque deux décen­nies plus tard, il res­sort des car­tons un de ses pre­miers suc­cès pour le mélan­ger à sa der­nière réalisation.

Glass reprend en effet la suite de la toute der­nière scène de Split : Bruce Willis regar­dant le jour­nal télé­vi­sé par­lant de la Horde. L’ensemble du film repose sur la rela­tion entre David Dunn (héros d’Incassable, deve­nu jus­ti­cier mas­qué), la Bête (le com­po­sant fan­tas­tique de la Horde, tou­jours adepte de l’en­lè­ve­ment de jeunes filles) et Elijah Price (le méchant d’Incassable, inter­né mais tou­jours machia­vé­lique). Vous retrou­ve­rez faci­le­ment vos repères : aucun per­son­nage n’a évo­lué d’un pouce, même si une psy­chiatre essaie de les convaincre que les super-héros, ça n’existe que dans les comics.

Alors Kevin, tou­jours par­ta­gé ? — pho­to Jessica Kourkounis pour Universal Pictures

Ce qui change un peu des pré­cé­dents films de Shyamalan, c’est que du coup, l’ac­tion prend ici une part bien plus impor­tante que d’ha­bi­tude. Le rythme est un peu plus andante, il se passe plus de choses, et on suit l’a­ven­ture sans trop languir.

Bon, évi­dem­ment, ceux qui lui reprochent sa ten­dance à finir sur des twists un peu gra­tuits ne vont pas chan­ger d’a­vis : là, comme ça, on a quelque chose comme trois retour­ne­ments dans les cinq der­nières minutes, concer­nant le rôle de la psy, les ori­gines des super-héros et le but de Price.

— Tu fais quoi ?
— J’attends le twist. Y’en a tou­jours un.
- pho­to Jessica Kourkounis pour Universal Pictures

Nous voi­là donc face à un thril­ler hon­nête, sans doute le plus regar­dable des Shyamalan récents, mais qui ne mérite pas non plus d’ap­plau­dis­se­ments exagérés.