Iron fist

de Scott Buck, depuis 2017, ***

Rand Enterprises a un pro­blème. Daniel Rand, héri­tier du fon­da­teur, por­té dis­pa­ru comme lui il y a quinze ans, n’est pas mort : il réap­pa­raît dans Central Park, habillé comme un clo­do qui aurait fait trois fois le tour de la pla­nète à pied. Pis, il est bien déci­dé à mora­li­ser la com­pa­gnie et à l’u­ti­li­ser pour amé­lio­rer la vie des pauvres gens — le cha­pitre 1, leçon 1 de Faire fuir les action­naires pour les nuls. Il doit donc affron­ter les diri­geants de l’en­tre­prise, rai­son­nables héri­tiers de l’autre fon­da­teur et busi­ness­men accomplis.

Euh, par­don, j’ai dû mal com­prendre : « uti­li­ser l’argent pour faire le bien » ? — pho­to Netflix

Ça, c’est la pre­mière par­tie d’Iron fist, qui rap­pelle bou­gre­ment les pre­miers tomes de Largo Winch. Enfin, sauf que celui-ci savait à peu près ce qu’il fai­sait : Danny n’a aucune for­ma­tion en éco­no­mie et fonce avec son bon cœur, son cer­veau en jachère et son kung-fu de haut vol. C’est amu­sant, léger, par­fois un peu plus pro­fond mais ça évite avec brio de tom­ber dans le pathos, les seconds rôles inté­res­sants rehaussent le jeu d’un per­son­nage prin­ci­pal qui manque un peu de constance, bref, c’est équi­li­bré, agréable et bien mené.

La seconde par­tie… Et bien, disons que Marvel confirme une nou­velle fois son talent pour les mises en place, mais aus­si sa capa­ci­té à tour­ner en rond sur les mêmes thèmes lors­qu’il s’a­git de déve­lop­per. On retrouve donc fran­che­ment le sché­ma de Luke Cage, dont les pre­miers épi­sodes fonc­tion­naient très bien et mon­traient un uni­vers inté­res­sant, avant de tour­ner au pif-paf-méchants-gen­tils très ordinaire.

Danny, tu sais que je t’aime et tout et tout, mais avec tout l’a­mour que je te porte, je dois te poser res­pec­tueu­se­ment une ques­tion : t’es pas un peu con ? — pho­to Netflix

Pour aggra­ver les choses, le virage maniaque de Danny n’est pas super bien géré : ça aurait pu être l’oc­ca­sion de lui don­ner un peu de pro­fon­deur, mais ça ne par­vient qu’à mettre un peu plus en valeur Colleen et Claire, qui le sup­portent mal­gré tout, le cadrent, lui expliquent un peu la vie et essaient de l’a­me­ner à uti­li­ser son cer­veau une fois de temps en temps. Et sur­tout, il manque un Shades : l’en­ne­mi de la seconde moi­tié, Bakuto, n’a pas un cha­risme foli­chon et, à son retour, Mme Gao n’a pas besoin de plus d’une minute pour le faire oublier.

L’ensemble reste fré­quen­table, mais l’hon­nê­te­té impose de dire que la fin de sai­son est plu­tôt déce­vante, loin du niveau des trois-quatre pre­miers épisodes.