Elle
|de Paul Verhoeven, 2015, *
On a beaucoup écrit sur Elle. Que le film était sublime, que le scénario était sulfureux, qu’Isabelle Huppert et Paul Verhoeven avaient su se mettre en danger pour faire un film éblouissant, tout ça. Ou, aussi, qu’il réduisait le viol au rang d’anecdote ou de fantasme, ou encore qu’il rendait scandaleusement normales les agressions physiques et les manipulations mentales.
Mais il y a deux choses qui ont peu été dites, deux choses qui m’ont frappé en regardant le film.
La première, c’est qu’il est mou, verbeux, prétentieux même, à l’image de la détestable connasse qui lui sert d’héroïne. Pour une poignée de scènes vraiment réussies et quelques instants de frisson, il impose des dizaines de minutes de dialogues pompeux et de répétitions mollassonnes.
La deuxième, c’est que la direction d’acteur est déplorable, ce qui laisse aux acteurs (Huppert, Consigny, Bloquet et Berkel en particulier) le privilège douteux d’être admirables de justesse et d’émotion dans une scène, pour cracher une diction et une intonation théâtrales à crever dans la suivante.
Après deux grosses heures passées devant ça, j’arrive à une conclusion simple : on a beaucoup trop écrit sur Elle, un film qui tourne un peu en rond et ne mérite certainement pas toute l’attention qu’on lui a accordée.