Cloverfield
|de Matt Reeves, 2008, *
Début 2008, on trouvait dans les salles françaises deux films basés sur le même principe : les autorités ont trouvé une caméra et regardent ce qu’il y a dedans. Le premier était un petit budget espagnol sorti à l’automne précédent dans son pays, qui arrivait chez nous avec une réputation de petit bijou horrifique simple et efficace ; le second était une grosse machine américaine toute neuve, produite par un J.J. Abrams qui s’était récemment offert Mission : impossible 3 et poussée par un marketing agressif. À l’époque, j’étais donc allé voir [⋅Rec] ; avec la sortie d’une suite, je me suis dit que j’allais enfin voir Cloverfield, histoire de voir ce que j’avais raté.
Et là, j’ai juste envie de demander : « tout ça pour ça ? »
C’est l’histoire d’une bande de beaux gosses new-yorkais, dont un qui vient d’accepter une opportunité professionnelle au Japon, qui font la fête. Et puis un monstre arrive et démolit Manhattan, alors les beaux gosses courent en mourant les uns après les autres.
L’absence d’originalité est bien sûr un soucis : mélanger « survivor » et « found footage » en 2008 n’avait déjà rien de nouveau. Mais surtout, il y a un vrai problème d’écriture des personnages. Le survivor fonctionne si l’on s’intéresse un minimum au devenir des personnages ; or, dès les premiers plans, ces bourges superficiels bien propres sur eux n’inspirent aucune sympathie. Ils peuvent donc crever, ça nous en touche une sans faire bouger l’autre (en fait, celui qui tient la caméra, il est tellement lourd qu’on attend même avec impatience qu’il y passe). Sans personnage intéressant, on a vu des survivor s’en sortir en mettant l’accent sur la variété des scènes et un scénario surprenant ; mais ici, on ne trouve rien de cela, tout juste une heure de course à pied avec les mêmes ressorts à chaque séquence.
Le montage efficace et les effets spéciaux réussis sont des bons points, mais le film souffre aussi d’incohérences hallucinantes — la plus belle : la pouffe de la fin, qu’on retrouve l’épaule empalée sur un fer à béton, se sert de son bras sans gêne apparente quand l’hélico tombe. Au bout du compte, c’est pas vraiment désagréable, mais ça n’a absolument aucun intérêt.