Babysitting 2
|de Nicolas Benamou et Philippe Lacheau, 2014, **
La vie, c’est comme une boîte de chocolats. Un jour, vous pensez aller là, et puis là c’est pas possible, alors vous vous rabattez ici, et ici ils passent Babysitting 2. Et vous vous rappelez qu’un pote un peu pervers vous avait mis au défi d’aller le voir, et c’est à peu près le seul truc que vous n’avez pas vu. Du coup, les mains tremblantes et avec un trait de sueur froide au milieu du dos, vous prenez votre billet pour ce qui, d’après la bande-annonce, promet d’être un des pires nanars de l’univers — et une suite dont vous n’avez pas vu le premier épisode, ce qui est contraire à votre religion.
Le premier point bizarre, c’est qu’il n’est pas une seconde question de baby-sitting dans le film. Renseignement pris auprès d’une camarade de salle, le premier film parlait de baby-sitting, et ils ont gardé le titre pour ne pas perdre le spectateur distrait qui ne reconnaîtrait pas les personnages. C’est plutôt une bonne idée, parce que l’immense majorité des personnages sont de fait totalement oubliables : ce sont des clichés sur pattes, du bôgosse-maladroit-gentil-froussard qui tient le premier rôle au pote-un-peu-lourd-qu’on-garde-parce-qu’il-paie-les-billets qui encombre l’arrière-plan. Je ne m’abaisserai même pas à parler du beau-père, qui a très exactement le rôle unique dont Christian Clavier n’essaie même plus de sortir depuis Grosse fatigue. Seule la grand-mère sort un peu du lot, et encore : la vioque acariâtre et décrépite qui s’éclate dans un film d’aventures tropicales, c’est en soi un peu un cliché.
Le deuxième point bizarre, qui m’a vraiment heurté, c’est que les personnages prennent l’avion pour aller de l’hôtel à une grotte perdue dans les montagnes. Au retour, le pilote amateur provoque une panne d’essence (en réduisant la richesse du moteur droit, logique…) immédiatement après le décollage, on voit d’ailleurs encore le terrain dans un coin de l’écran. Donc, tout le monde saute en parachute (logique, ça plane pas, les Beech 18) et arrive… près de l’hôtel. Un parachute, ça vole donc presque aussi loin qu’un avion. Je note.
À part ça, le scénario est évident, facile, cousu de fil blanc (le genre de ficelle très fine qui sert à amarrer le Karaboudjan). Presque tout est annoncé un quart d’heure à l’avance, et la logique « found footage » qui est habituellement utile pour préserver le suspense ne sert ici à rien puisque la principale surprise est l’absence récurrente de surprise. Il n’y a en fait qu’un truc que je n’ai pas senti venir, c’est juste après la perte de la caméra, à environ 1 h 15 du début.
Donc, une comédie un peu lourde, totalement prévisible, avec des personnages déjà vus cent fois. Un film dont la raison d’être semble surtout d’emmener toute l’équipe pour un séjour au Brésil, avec parachutisme, jet-ski et bikinis à gogo, plutôt que de convaincre des spectateurs.
Pourquoi deux étoiles, alors ? Simple : malgré l’absence quasi-complète de qualités techniques (le monteur s’en sort tout de même bien) et scénaristiques, le film profite d’une bonne humeur efficace et garantit un certain niveau de détente. C’est parfait pour la séance de 20h50 sur TF1 un dimanche pluvieux, celle où vous vous paierez une heure et demie de cocooning au chaud avec quelqu’un dans les bras en assumant totalement le fait de, exceptionnellement, regarder un truc complètement crétin pour mieux vous endormir — et la finesse de scénario vous permettra de peloter votre camarade de canapé sans distraction excessive ou d’aller chercher une bière sans mettre en pause. Pensez juste à couper avant la pub, parce qu’en sortant de là, votre cerveau sera super-disponible.