Strictly criminal
|de Scott Cooper, 2015, ***
À partir de la fin des années 70, John Connolly (rien à voir avec l’écrivain) fait rentrer dans les rangs des informateurs du FBI de Boston une petite frappe qu’il a connue à l’école, Whitey Bulger. Pendant plus de quinze ans, l’un va grimper les échelons du FBI en faisant tomber la mafia italienne, l’autre va devenir un des parrains locaux en faisant grandir la mafia irlandaise.
C’est cette histoire que Scott Cooper, connu pour l’admirable Crazy heart, a choisi d’adapter. Le résultat est un petit polar soigné, propre, bien construit, avec une bonne dose de violence sans fard, qui rappelle fortement l’ambiance des films noirs des années 80 et les œuvres plus sérieuses des frères Coen, avec juste une petite touche d’humour qui s’estompe au fur et à mesure que se développent les activités des personnages.
Rien de très spectaculaire, sinon peut-être la photo de Takayanagi (qui est, il est vrai, tout sauf un débutant).
Rien ?
Ah si. La performance de Depp, non seulement physiquement méconnaissable (la vingtaine de personnes qui l’a maquillé peut directement aller chercher son Oscar, si on me demande mon avis), mais qui nous rappelle aussi qu’il a été un grand acteur avant de se complaire dans les déclinaisons de Jack Sparrow. Juste assez taré, juste assez psychopathe, juste assez froid et calculateur, il ne donne clairement pas envie de rencontrer Bulger dans un coin sombre, mais il crée un personnage proprement fascinant.
Pour le reste, c’est un bon polar pour amateurs, sans doute pas inoubliable mais tout à fait fréquentable.
Note : une fois n’est pas coutume, j’ai fait une entorse à mon principe « si on doit avoir un titre étranger, autant prendre l’original ». Black mass n’était effectivement pas très évocateur en français et « strictly criminal » est une citation extraite du film, alors admettons… Même si bon, tant qu’à changer le titre, ils auraient pu le traduire.